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ROMANIA

ROMANIA

RECUEIL TRIMESTRIEL

CONSACRÉ A l'étude

DES LANGUES ET DES LITTÉRATURES ROMANES

PUBLIÉ PAR

Paul MEYER et Gaston PARIS

Pur remenbrer des ancessurs Les diz et les faiz et les murs. Waci.

ANNÉE 1879

PARIS F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR

G-Jy RUE DE RICHELIEU

LIBRmnFTHE

Nov 5 mo

L'ÉLÉMENT HISTORIQUE

DE HUON DE BORDEAUX.

L'histoire de Huon de Bordeaux ne nous est point parvenue sous une forme plus ancienne que le poème français publié en 1 860 par MM. Gties- sard et Grandmaison dans la Collection des anciens poètes de la France ; mais^ contrairement à Vopinion de ces savants éditeurs, il est probable que ce poème est seulement un remaniement datant de la première moitié du règne de saint Louis. M. Guessard le suppose composé entre les années 1 1 70 à 1210 par un contem porain de Chrétien de Troyes ', et, pour justifier celte date, il s'appuie d'abord sur un passage de la Chronique d'Aubri de Troisfontaines, écrite de 1225 à 1241, puis sur Tâge du manuscrit de Tours qui, bien que n'étant pas un original, ne serait pas toutefois postérieurà 1250', Il n'admet pas, avec M. Fer- dinand Wolf J, l'existence d*un poème antérieur presque identique pour le sujet, lequel aurait servi de modèle à un poème néerlandais rédigé vers Tan 1400 et qu'on ne connaU plus que par quelques fragments relatifs au retour de Huon et par un abrégé en prose imprimé dans la première moitié du xvi° siècle 4.

L*aLiusion faite par Aubri de Troisfontaines à l'histoire de Huonf,

I. Hacn de Bordeaux, édit. Guessard et Grandroaison, p. vij-viij.

3. Uid^, p. XI). 1 Viber die btidtn wudaaufgt^ndtmn Niidcriandischtn Vol ks bûcher von dtr Kœ'

mginn SibilU und von Huon von Bordeaux, p. 198*199. Ce mémoire de M. Wojf 1 été publié dans les Mémoires de C Académie impériale de YtennCf seclioa d'histoire, t, VI!I (itJjyJ, il occupe les pages t8o à 282.

4. C*esl le Huyge van Éourdeus que M. Ferdinand Wolfa réimprimé en 1860 dans la Btbtioihek des iitteranschen Verems in Sttiîtgart dont il forme le tome LV.

y t Anno i>a:cx... Morluus est cliam hoc anno Sewinus, dux Burdegalen- siSt cujus fratres fuerunt AleJmus et Ancherus. Hujus Sewini filii, Gerardus et Hugo, (|ui ICarolum tîlium Karoli casu interfccit, Almaricum proditorem in dueïlo vieil, exul de patria ad mandatum régis fugit, Albcronem virum mirabi-

Romania^vnt I

A, LOHGHOU

[ M. GMSard« est précisément contraire à sa thèse, car, si om à oae chanson de geste relatant déjà. ta liaison du duc iwc Auberon, elle mentionne deux oncles paternels de ikna, AlnuBe ci Auchier, qu'on ne retroy ve pas dans la plus ancienne ymsmm tmmut de Huon de Bordeaux. Il y a plus : Tun de ces deux iKte» AlcMBtt figure dans ta version néerlandaise S il joue te rôle iBiiNé par le poète français au vieux Géreaume' qui, tci^ n'est plus un jfÊÊÊÊÊ ÛÊ Ségoîn de Bordeaux et de Huon, mais seulement un de leurs ynuMMi d le Énère de Guirré, le bon prév6t de Bordeaux î. Ce fait nous aenUe de nsuire à fisurc prévaloir l'opinion de M. Wolf contre celle de M. Quesstfd, et si quelqu'un des lecteurs de ta Romania s'étonne avec Il «mint ioidéinicien qu'une version ^ançaise délaissée depuis un siècle et demi dix pu parvenir vers Tan 1 400 à l'auteur d'un poème néerlandais 4, aottS répondrons que sans doute cet auteur ne travaillait pas sur une venioil frm^se, mais que^ probablement, il rajeunit un poème néerlan- dttS du xiii* siècle qui aviit bien moins de chances de nous parvenir que l>DCtiTre nouvelle dont on a seulement conservé de courts fragments,

Hm le poème français que connaissait Aubri de Troisfontaines, 1011$ partageons complètement sur ce point le sentiment de M. Gués- sird, ne saurait remonter plus haut que le règne de Fhilippe-Augusie :

Im ei fortunatum repcrit, et cetera fabviosa sîve historica annexa, i {Çhrom* ^m Aièmwi,) M. Schc^er-Boichorst, dans l'édition qu'il a donnée d'Aubri (MbiMMiltai kistwiêt Gammica^ lomus XXKl scriptorum, p. 726) a tniprimé i lOlt» tfapfèsie ms, de P.iris, AUlinus et Anarus ; le texte du ms. de Hanovre AiiimnJ il Anchirus aurait lui indiquer la leçon véritable. Au reste, Je nom Jbtcifms n>it pas connu dans l'onomastique do moyen âj^e ; on y trouve au ; extraire le vocjNc Anchùr^ dont les écrivains latins da XIII* siècle faisaient ^Ijickrtii, bien que sa forme véritable fût j4/7fc/ranu5 ou i4;T5^^rfui qu'on rencontre iiit kl tuteurs du IX* siècle. ..,.,,

1, Aléaume, ou Aliames comme on lit dans le Hayge yan Bmrdeus du

iXVh iîkle» se dit fits du comte palatin (pahgrave) et neveu de Séguin (Huyge

PittH BùÊtJtus, éiUx. Wolf, p. 17), mais il y a une confusion évidente, bien

Commune du reste dam nos vieux poèmes les titres d' * oncle * et de

iw\c\\ » 4onl aus&i prodigués que possible et, la plupart du temps, sans vrai-

lucune. Au reste, deux lignes plus bas, Huon présente Garin comme

\ t.inte imoycn-sonc] ou le cousin germain d^Ateaume, alors qu'à la

i fe m^mc Garin est donné (p. (61 comme le frère du duc Seguin,

^ \ Vnnclï* d'Aleatime. LMge d'Aleaume devait d'ailleurs bien plu-

l^'jj ,. r *ncîe que le cousin germain de Huon.

I il contre l' identification de ce nom Géreaume^ Ceriau^

HH ,{ Mil" siècle, avec celui de Jérôme qu^on trouve non seu-

l^mtr résultons modernes du roman en prose, mais aussi dans le

, de MM, Guessard et Grandmaison. Géreaume est un nom

formé de racines qu'on retrouve, par exemple, dans les noms V'r.ume^ Gmtlaumt^ etc.; sa forme latine est Cerclmus et

j, ^,»»v. «. •.,c,*uv, cdiùott Caasard et Grandmaison, page 91* 4. /W.,p. xj-xij.

l'élément historique de Huon de Bordeaux 3

l'introduction dans un récit carolingien de l'élément merveilleux qui assura le succès de Huon de Bordeaux ne peut être antérieure à cette époque. Les traditions relatives à Huon ne componaient pas originaire- ment le récit de ses aventures en Orient : ce fait, admis à titre de con- jeaure dès 1861 par M. Gaston Paris % est aujourd'hui hors de doute, grâce au résumé suivant des aventures de Huon de Bordeaux qu'on trouve dans une sorte de prologue de la geste lorraine, conservé seule- ment dans un manuscrit de la bibliothèque de Turin et dont la publica- tion est due à M. Edmond Stengel :

Em Bourdeloit ot .i. franc duc Seuwin Qui eut .i. fil qui fu preus et hardis. Hues ot non, si corn dist li escris : S'ocist un conte en la salle a Paris. Por ce fu Hues bannis hors du paîs De douce France et de l'Empire ausi, En Lonbardie s'en ala por servir Quens Guinemer, le fil a saint Bertin Qui les foires cria et establi, Chelle de Troies, de Bar et de Lagni ^. Une puceile ot ou palais votis : Hues l'ama et la puceile li, Em bascelage i engenra .i. fil : Quant ot batesme, si ot a nom Henris. Hues moru par force de venin, Henris ot peur que il ne fust ocis. Si vint a Mies por sa vie garir^.

Henri, le fils naturel de Huon de Bordeaux, aurait été, selon l'au- teur des vers qui précèdent, le père de Thierri prévôt de Metz et l'aïeul paternel du duc Hervis, père de Garin le Loherain et de Begon de Belin. Cette généalogie n'a, on le conçoit, aucun caractère tradition- nel, mais on doit savoir gré au rimeur qui l'a imaginée, puisqu'elle lui a fourni l'occasion de résumer, très succinctement à la vérité, l'histoire de Huon de Bordeaux, telle qu'on devait la raconter avant le xiii' siècle.

Autant qu'on en peut juger par le prologue des Lorrains, la tra- dition du xii« siècle et la chanson du xiii*' n'ont guère de commun que cette donnée générale : Huon, fils de Séguin, duc de Bordeaux, a tué un personnage de la cour impériale et il est condamné à l'exil. Mais

1. Re¥ae germanique^ t. XVI, page 376.

2. Ces vers doivent être ajoutés aux textes poétiques que Bourquelota réunis dans sts savantes Etudes sur Us foires de Champagne^ chapitre v.

}. Stengel. Mittheilungen aus franzasischen tiandschriften der Turiner Universi- t^S'BMothek {Màrburg^ 1873, in-4*), p. 28^1.

4 à. LONCNON

presque tout diffère dans les détails. Selon la tradition du xii« siècle, la victime de Huon est un simple comte : il le tue à Paris, dans le palais de Tempereur; banni de France, il cherche un refuge auprès du comte Guinemer dont il séduit la fille, et après un temps assez long il meurt empoisonné. Les causes de l'exil de Huon de Bordeaux oni un caractère bien autrement épique dans le poème du xiir siècle, Huon est le meurtrier du fils unique de l'empereur : Chariot, ainsi se nomme le jeune prince, s'est embusqué non loin de Paris,, aux abords de la route qui conduit à Bordeaux, attendant les fils du feu duc Séguin^ qui, appelés par Charlemagne, se rendent à la cour; il blesse grièvement Girard, le plus jeune des deux frères, mais tombe lui-même sous les coups de Huon, qui apprend seulement au palais de Charlemagne quel adversaire il a combattu. Le nom du comte Guinemer est commun à TuTie et à l'autre version de l'histoire de Huon de Bordeaux, et toutes deux y lient le souvenir de la ville de Saint-Omer ' ; toutes deux parlent de la filie du comte ; mais dans le poème du xiii' siècle, celle-ci n'est plus l' « amie « de Huon, qui se contente de rendre la liberté à Sébille, retenue prison- nière depuis sept ans par un géant dans le château de Dunostre =.

II.

Les dix-sept vers que nous avons reproduits d'après E, Stengel renferment tout ce que l*ûn sait actuellement de la forme primitive de l'histoire traditionnelle de Huon. Il convient donc de les étudier de près pour essayer de déterminer Tépoque à laquelle vivait le personnage réel du nom de Hugues {Hugo] dont la tradition s'est emparée pour en faire le héros d'un poème épique.

1 . L'auteur du prologue des Lorrains fait de Guinemer le fils de saint Bertin, lequel, selon l^histofre, Tut te second abbé de Sithreu, abbaye qui prit depuis le nom de ce bienheureux et donna naissance â la ville de Saint-Omer^ le poème de Huon de Bordeaux (p. 1^4) fait naître la allé du comte Guinemer. 11 est pos- sible (juc ce Guinemer ait emprunté par nos trouvères à quelque ancienne tradition wallonne, car son nom, en latm WinimaruSf paraît surtout avoir été employé dans les pays oui, du IX« au XIl^ siècle, firent partie du comté de Flandre. Le Carialmrt acSamt-Birùn lui seul, nous fait connaître: r un diacre nommé Winiàmanis qui, en ya^, réclige un acte de vente â Saint-Oraer même (édition Guérard, p jo) ; 2* un chevalier du comte de Flandre, Wintmarus, qui assassina Pârchevéque de Reims, Foulques, lequel était alors abbé de Saint- GtTX\n{ïbid,^ p. 135); Wimmûrus^ vassal de l'abbaye nommé dans un acte de Î075 [tbid., p. 195); 4' Wintmûrus^ châtelain de Gand, témoin d'une charte du comte Baudouin VU en 1 1 «4 \ibid., p. 2\\). On pourrait aussi rapprocher du personnage de Huon de Bordeaux Guimer, châtelain de Sainl-Omer, qui paraît au début d'O^jVr k Danois^ si cette forme Cutmer ne semblait pas plutôt dériver de Withmarus,

2. Huon de Borduiux^ édit. Guessard et Grandmaison, p. 144 à 1 $7.

l'élément historique de Huon de Bordeaux 5

A vrai dire, les rares érudits qui consentent à étudier les traditions carolingiennes ne paraissent pas mettre en doute la contemporanéité de Huon de Bordeaux et de Charlemagne, contemporanéité qui, attestée formellement dès le débuî du poème, semble corroborée par l'existence d'un personnage historique du nom de Séguin, auquel Charlemagne confia l'administration du comté de Bordeaux en 778 ^, et qui ne serait pâs différent du père de Huon; vers le déclin du règne de Charlemagne, le fils de Séguin aurait pu être ainsi en âge de se mesurer avec le roi Charles le Jeune, fils aine de Charlemagne, que la mort enleva en 8j 1 à raffection paternelle.

Malheureusement pour cette suite d'hypothèses, on ne peut plus, après la publication de M. Stengel, fonder de conjectures sur le fait de la mort de Charles le Jeune du vivant de son père, puisqu'on sait main- tenant que le meurtre de Chariot n'était pour rien dans l'histoire primi- tive de Huon de Bordeaux, Bien plus, il est permis de supposer qu'ici, comme dans plusieurs autres traditions carolingiennes, Charlemagne a rem* placé Charles le Chauve, car Bordeaux et la Gascogne furent gouvernés durant les six premières années du règne de Charles le Chauve par un comte ou duc nommé Séguin', de même que le lieutenant de Charle- magne, et il est possible que la fin glorieuse de cet autre Séguin de Bor- deaux, mort en défendant la Saintonge contre les incursions des Nor- mands], ait donné naissance à une sorte de geste bordelaise dont la

1. L' Astronome, Vita Ludonci Pli mpcratom^ c. m.

2. Louis le Pieux aomma ce personnage au comté de Bordeaux après U mort de Pépin, roi d'Aquitaine, c'est-à-dire en 859 (Chronicon Adcmari Cûbtt- n^nsis)

j. Les Annales de Saint-Bertin ne mentionnent pas cet événement, qtii eut lieu en 845 et que Loup de Ferrières a heureusement consigné dans une lettre écrite

auclcjuçs mois après le désastre à Ganelon, archevêaue de Sens : « Quidam vero c Aquitania venientes, Nortmannos inter Burdegalam et Sanlones eruplionem hi$ diebus fecissc retulcrunt, et nostros, id est Chnstianos, pedestri cum eis

frratlio congrcssos, et miserabiliter, nisi quos tu^a eripere potuit, peremptos, n quo bello comprehensum ducem Vasconum Siguinum et peremptum, etiam ftirando testati sunt » rBouqoet, t. Vil, p. 494). La mort de Séguin est aussi relatée par Adémar de Chabannes, qui qualifie Séguin de « comes Burdegalensis et Santoncnsis. > (Pcrtz, Scriptorcs, l. iV, p. 121; cf. le Chronicon Aquitanicum^ apud Bouquet, t. VII, p. 222-225.) Ce texte, rapproché de celui de Loup de Fcmèrcs, indique que fe gouvernement de Séguin, t duc des Gascons »^ n était pas restreint aux pays d'entre les Pyrénées et la Garonne, et qu'il comprenait Il Saintonge. Le duc Séguin, pris et tué par les Normands en 845, doit sans doute être distingué d'un duc de Gascogne de même nom, que Tempereur Louis lie Pieux avait révoqué trente années auparavant à cause de son insolence et de ses mauvaises mœurs, et dont la destitution provoqua une insurrection gasconne {AnnâUs Eginhardi, anno 816 ; VHû Ludovici Pu impaatoris, par rAstronorac, C. XXVt); mais il était probablement de la même familïe oue ce personnage et que le comte Séguin de 7^8. Rappelons à ce propos que rautcur de la fameuse eharte fausse d'Ataon a fait du duc révoqué en S16 un petit-fils du fabuleux duc

6 A. LONGNON

légende de Huon serait le dernier vestige. Mais les trop rares documents historiques du ix* siècle ne nous font pas connaître la postérité du duc Séguin et Ton n'y trouve rien non plus qui puisse être rapproché des démêlés que Huon de Bordeaux, au dire des trouvères, eut avec Charle- magne un certain nombre d'années après la mon de son père ' *

Le récit des aventures de Huon, tel qu'on le trouve dans le texte publié par M, Stengel, est favorable à Thypothèse qui fait vivre Huon de Bordeaux sous Charles le Chauve. On y voit, en effet, que Huon, banni tf de douce France et de Tempire ausi j>, c'est-à-dire des états du roi Charles, se réfugia en Lombardie : son exil ne saurait donc être rapporté au temps de Charlemagne, qui régna sur Fltalie depuis 774; par contre, il peut l'être au règne de Charles le Chauve, qui ne posséda Tltahe que durant les deux dernières années (875-877) d'un règne de trente-sept

ans.

IIL

Le récit du meurtre de Chariot, dans tes circonstances duquel réside tout l'intérêt de la première partie de Huon de Bordeaux , cet important épisode qui permet au trouvère du xin'' siècle de conservera son œuvre le caractère d*une véritable chanson de geste durant plus de 2000 vers ; cette lamentable histoire d'un fils de roi^ coupable de guet-apens envers un vassal de son père, est-elle sortie tout entière de l'imagination du poète qui, on le sait maintenant, Fa introduite dans l'histoire de son héros ? C'est ce qu'on parait avoir communément admis jusqu'ici. Cepen- dant le meurtre de Chariot a sa source dans l'histoire du ix« siècle, et sans doute l'auteur de Huon de Bordeaux en devait la connaissance à quelque tradition épique dont un autre que Huon était le héros.

Mais en recueillant cette tradition, le trouvère assimile bien à tort le Chariot dont il raconte la triste fin avec le prince « violent, téméraire, jaloux, mais brave, loyal et à un certain moment d'une générosité toute chevaleresque « ^ qui figure sous le même nom dans la chanson d'Ogi^r le Danois, On doit évidemment retrouver dans l'histoire de l'émule d'Ogier un souvenir lointain du fils aine de Charlemagne, tandis que l'adversaire

Loup de Gascogne et qu'il a trinsformé son nom germanique Séguin tn un nom basque^ Sciminus^ que les Espagnols écrivent Ximcno; c'est le même faussaire qui a imaginé de désigner le duc tué par les Normands sous le surnom de MosUUa- tticus dont on ne le débarrassera pas facilement.

1. La chanson de Huon Je Boraumx dit que la mort de Séguin remontait bien â t sept ans entiers » (vers j j j|^ mais on sait que « sept ans était, chez nos IrouvèreSj une expression épiauc pour désigner un temps fort long et qu'cïlc ne petit servir, par conséquent, a étayer aucun calcul chronologique.

2. Gaston Paris, Histoire poétique de Ckarkmagne^ p. 402.

l'élément historique de Huon de Bordeaux 7

de Hoon de Bordeaux représente certainement Charles TEnfant, roi d'Aquitaine, Pun des fils de Charles le Chauve et de la reine Erraentrude. Nous résumons le peu que les annalistes du m siècle nous ont appris de Charles l*Enfant. Ce prince était en 847 K Les Aquitains deman- dèrent à son père âés l'an 855 de le leur donner pour roi ^, et il ceignit U couronne à Limoges l'archevêque de Bourges le sacra vers le miUeu d'octobre de la même année K Cependant, quelques mois plus tard, ses sujets, avec cette légèreté que les chroniqueurs carolingiens disent être le trait distinctif du caractère aquitain, rappellent leur ancien roi Pépin II, le neveu de Charles le Chauve 4, puis ils rétablissent pres- que aussi vite le jeune Charles î. Au début de l'année 857, une partie de son peuple fait de nouveau cause commune avec Pépin^ et ne se sou- met qu'au bout de deux années 7. Charles l'Enfant venait de temps à autre dans les pays en deçà de la Loire rendre visite à son père^, mais il n'avait pas encore atteint sa quinzième année qu'il songeait à s'affran- chir complètement de l'autorité paternelle pour suivre aveuglément les conseils de deux grands de son royaume, Etienne, comte d'Auvergne, ei Aifroi^. En 862, à la suggestion d'Etienne, il épousait, sans le con- senteinent de son père, la veuve du comte Humbert, et Charles le Chauve '^^ comme le père de Chariot dans Huon de Bordeaux^ devait se

1. Cette date résulte du texte qu'on trouve â la note 10 de cette page.

2, « Karlui Aaiiitanis petcntibus Karlum, filium suum, regem designatum attrïbujt. > {Annaici Etniniani^ anno S^^J

;. i Aquitani urbem Lemovicum, mediante octobri metise, convcnientes, Kartum puerum, filium Karli, regem generaliter constîtuunt, unctoque per pon- lificero coronara regni tmponunt, sceptrumque aUribuunt » ûkd.^ anno 853). Carolus Calvus (jrc) in regem Lemovicas unctus est a Rodulfo, Bituncensi archicptscopo, cl Stodilo, Lcmovicensi episcopo... (Adémar de Cha bannes, Commtmoraiio abbalum Lcn;ioyïaniium^ apud Bouquet, t. VU, p. 273,) Cf. ta Chronique du même Adémar.

4. c Aquitani Karlum puerum, quem nuper regem constituerant, spernentes, PippiDum ex monacho, qui de monasterio sanctt Medardi aufugerat, eductum eustûdia reçem simulant, » {Ânnata Bcrlimani, anno 856.)

S- « Et Aquitani, sprcto Pippino, Karlum puerum, filium Karli rcgis quem antea pepulerant, recipiunt, et in Aquitaniam rcducunt: u {iàid.]

6. é Aquiianorum atiqui persuasione occulte conspiranlium Francorum quo- rumdam m Karlum, a Karlo admodum pucro déficientes, Pippino sociantur. » {itid,^ anno 857.)

7. « Aquitani ad Karlum puerum omnes pêne convertuutur, Pippirîus Rot- berlum comiti et Britonibus socialur 1 (ihid,, anno 859.)

8. Notamment en 8^8, tandis que Charles le Chauve assiégeait les Normands dam une tle de la Seine : « Karlus rex insulam Sequanae vocabulo Oscellum^ Danos in ea commoranies obsessurus, mense julio adgredîtur. ubi ad eu m Karo- (um puer, lîlius ejus, ab Aquitania pervenit t {tbid,, anno 8^8.)

9. f Egfridus» qui transactis temporibus cum Stepbano filium et aequivocum régis ad obedicntia palerna subtraxerat... 1 (ibid.. anno 864.)

jo. Carolus rex Aquiianorum, Caroli régis filius, necdum quindectm annos complens, persuasionc Stephani relictam Himberti comilis sme voluntale et conscientla patris in conjugem ducit. t (ibid., anno 862;)

8 A. LONGNON

dire affligé d^avoir donné le jour à un a mauvais héritier » qui préférait

la compagnie des traîtres à celles des « pnidhorames ' ». Il ne paraît pas toutefois avoir agi rigoureusement avec ce fils rebelle* qui, vers la fin de l'année 86?, vint avec les principaux seigneurs aquitains lui jurer fidélité à Nevers les deux rois célébrèrent ensemble la fête de Noël >.

Tandis que les Normands ravageaient plusieurs provinces d'Aquitaine, notamment le Poitou et l'Auvergne ils tuèrent le comte Etienne, le favori de Charles PEnfant, celui-ci accompagnait son père à Compiègne on le rapporta, un certain jour, presque mort et le cerveau atteint par une horrible blessure qui le défigurait complètement. Si l'on en croit les annales quasi officielles, rédigées sous Tinspiration de l'archevêque Hincmar, l'un des plus fidèles serviteurs de Charles le Chauve, le roi d'Aquitaine, revenant nuitamment de chasser dans la forêt de Cuise avec plusieurs jeunes gens de son âge, et se livrant en leur compagnie à de dangereux amusements, aurait reçu celte blessure de Tépée d'Aubouin, Tun de ses compagnons-*.

Un chroniqueur qui, une trentaine d'années après cet événement, gouvernait la fameuse abbaye de Prum, au royaume de Lorraine, et qui doit sans doute à sa qualité de Lorrain d'avoir pu échapper à l'influence de la version officielle reproduite par les annales d'Hincmar, Reginon, en un mot, raconte les choses différemment. Selon lui, l'auteur de la blessure de Charles l'Enfant, Aubouin, qu'il dit frère de Bivin et de

k f Si engerrai J. maîvais iretier :

< Karlos a non; s'en ai le cuer iné

Quant ne me veut secorrc ne cdîer :

Mîex aimmc asés les traïtors laniers f Que les preudommcs : s'en ai mon cuer iné. »

tHuon di Bordeaux^ vers 92 â 96.)

2. Une entrevue eut lieu entre Charles TEnfant et ses parents vers ie milieu

de Tannée 862, à Meung-sur-Lotre, mais elle n'eut aucun résultat : 1 Ipse

[Carotus rex] cum uxore m Lr^erim, In loco qui Maidunus dicitur^ datis per

suos sacramentis, cum Carolo hjio loquitur, et eo quasi subiio sed voce sub-

missa, et animo contumaci ereclo, in Aquitaniam rcmeanle, ipse ad Pistis

redit. > {Annales Birtiniam, anno 862.)

f . Inde [Carolus rtx] Nivernum civitatem perrexit, uhi filium suum Carolum ad se venicntcm rccepit, cl sibi fidclitatem cl debitem subjeclionem promitti sacramento pra:cepîl, et omnes primores AquitanisE iterum sibi jurare fccit. Natale auiem Domini in eodcm loco secus Nivernum civitatem, ubi filium suum rcceperat, celebravit, » {Annuks fî£Af»/id/î/, anno 86?.) C*est probablement â cette occa&ton que le pape Nicolas 1*'' adressa au jeune Charles et à son frère Louis le Bègue une lettre il les félicitait d'être rentrés en grâce auprès du roi leur père {Bouquet, h VII, p. jgS).

4. f Carolus juvenis, quem pater nuper ab Aquitania receplum Compendium secum duxcrat, noctu rediens de venatione in silva Cotia, jocan cum ahis juvc- nibus et coaevis suis pulans, opérante diabolo ab Albuino juvene in capita spalha percutilur pcnc usque ad cerebrum ; quse plaj^aa tcmpore sinislro usquc ad malam dextrae maxillae pervenil. t {Annales aertmiant^ anno 864.)

l'élément historique de Huon de Bordeaux 9

Be«m, jouissait d'une telle réputation de bravoure que le jeune roi voulut éprouver par lui-même si cette réputation était fondée» Charles ittendit donc nuitamment Aubouin qui revenait de la chasse, et, lorsque cciui-ci fut à portée, il fondit sur lui comme pour lui dérober son chevaL Aubouin, ignorant à qui il avait affaire, frappa le fils de Charles le Chauve sur la tête avec son épée * et le renversa à terre, il le laissa à demi mort et criblé de blessures. 11 s*était emparé des armes et du cheval de son agresseur ^ ; mais, ayant appris quel était celui-ci, il s'enfuit au plus vile pour échapper à une mort certaine ^

Telles sont les deu^t versions qui coururent au ix* siècle sur le funeste accident survenu à Charles l'Enfant. Ajoutons que le jeune prince échappa momentanément à la mort. Un an plus tard les Aquitains réclamèrent leur roi •< ; mais le malheureux, dont les blessures avaient oblitéré Tintel-

i . Dans la lutte entre Hoon et Chariot, c'est également sur la tête du prince que porte le coup de son adversaire :

En trespasant !e fiert si Huelîns ;

Amont sor Telme le feri par aïr

Ne li valut vaillant aï. parisis

Le blance Goitïe (ju'il ot desous asis,

Ne li haubers qui fu blans et irelis

Nel porent onques lenser ne garendir

Que nel pourfende enfressi que el pis.

iHuon de àcrdeaux, vers 882*888,) a. De même dans Huon de Bordeaux ^ le meurtrier de Chariot emmène le che- val du prince :

Et Hues prent le ceval arrabi

Qui fut karlot^ que il a voit ochîs.

{Ibid.f vers 897-895.) l^ c Siquîdem praedictus rex [Carolus] ex Hirmindrude regma très filios $DScepcrat, Carolum scilicet, Carolomannum et Hludowicum ; sed duo ex his infeliciter perierunt ; nempe Carolus, levitate juvenili ductus, lemptare volens Albuini, fratris Bivini et Bettonis, audaciam ac saepe laudatam constantiam, alium se esse simulans, cum ex venatîone vespertinis horis tdem Albuinus qua- dam die reverterclur, super en m sol us impeium fecît, veluti equum in quo sede- bat violenter ablaturus. llle nihil minus extstjmans quam ftimm régis, evacinato ^ladio ex adverso eum in capite percussit, moxque terrae prostravil, deit>de miïltis vnineribus confossum semivivum reliquit, arma pariter et caballum secum auferens ; dcbilitalis ergo membris, ac vullu deformatus» pauco tempore super- vixit Albumus, cognito quod iîlius régis esset, in quem talia exercuerat, celé- nter aufugit, mortisque perictilum declinavit. » (Rcgutoms chronïcon apud Pertz, ScnptortSy t. 1^ p, ^85.) Un autre écrivain contemporain de Charles le Chauve, Adon, archevêque de Vienne de 8^9 à 87^^, parle de la triste fin de Charles l'Enfant en quelques mots qui sont presque inintelligibles sans le secours de Hmcmar et de Reginon : <r Carolus quoque vir salis honestae formae juve- nis, rex Aquîtanis jam constitulus, adversa priinum molestatus et dehonestatus injuria moritur. p (Bouquet, t. VII, p. a.) En effet, le Chronicon Andcgûvcnse, qui a connu le texte d'Adon, fait périr Cnarles par le poison : c Karolus minor ventno periii» id est ilte, quem dicit Ado Aquitanorum rcgem jam factum adversa fuisse dehonestatus injuria, » {ibid.^ t. VII, p. 2^8.)

4, t [Carolus] demum Vernum villam veniens^ episcopos ac ceteros Aquita* Riae primores ibidem obvius suscepit. Ad quorum multam petitionem filium suum

à df ipéqœmei attaques d'épilepsie,

ei dendesmiflraiices, dans un domaine

fkny^ le 29 septembre 866, à perne âgé de

JBL Sqa frère CirioMW et Tarcbevèque Gouifé lui donnèrent

Féifim ii/bÊ&At de Saîm-Sulpice de Bourges '.

IV,

A Mm am» i soffiii de comparer le début de Huon di Bordiaux avec k learie de RcgnM» pov être convaincu que le récit du meurtre de Cteloi est Kdio mAioanel du terrible accident qui causa la mon de Ckarks fEobilt tl se pourrait tnème que la lutte d'Aubouin et du jeune diaries «I oSert encore plus de rappoas avec celle de Huon de Bordeaux ei de Okirioi. ReçnoD est loin, il est vrai, de présenter Charles TEnfant une victime complètement innocente ; mais ta version dont il est llêdKK pour n^ètre ps la version de cour, semble avoir été néanmoins smaghrfe pour atténuer un peu ce que la conduite du malheureux prince pouvait avoir derépréhensible. Il est assez difficile de croire que l'attaque nocturne dont Charles se rendit coupable avait pour but d'éprouver la ^civoure d'Aubouin, et Ton peut supposer que la valeur d'Aubouin, les ■ireurs qu'elle lui avait sans doute values, les éloges dont il était nc>b)et» avaient éveillé la jalousie du roi d'Aquitaine : Charles aurait aloft conçu la pensée de se débarrasser par un crime de celui que tous dé&gnaient comme le plus brillant des jeunes gens de son âge. Les auteurs de la version reproduite par Reginon n'ont pas dit toute la vérité et La

filleure preuve qu'on en puisse donner, c'est que, d'après eux, la lutte Charles avec Auboutn n'aurait pas eu de témoins, alors que Hincmar anème assure le contraire.

U tradition recueillie par l'auteur de Hmn de Bordeaux dérivait sans ■MUede quelque chant consacré au récit des aventures d'Aubouin, sur H$ort duquel l'histoire ne contient rien de certain ^ Mais on ne saura H^bableoient jamais comment les jongleurs arrivèrent à substituer Huon

Cirolom tkecdum bcne spâssatum in Aquitaniam cum regio nomine ac potestate rtdire permittit 1 \AnnaUt Bertimani, anno 86 5.)

I. Caroli ittusnomioe Carotus et Aquitanorum rex, ptaga quam in capite annos acceperat ccrebro commolo, diutius epelcmpiica passione kakndas octobris in auadam villa secus Bosentiacas moritur, et ^ j, Iratre sue» atqur a Vulfado in ecciesia sancti Sulpitit apud Bitu- peiitur. » {Mf anno 866.)

ne peut assurer que le meurtrier de Charles rEnfanl doive être reconnu comte Aubouin > qu'à son lit de mort le roi Louis le Bègue chargea, .^njûtntcment i Tèvêque de Beauvais, de porter ta couronne et les ornements royiux à son âU ifné (Annat^ Btrtimêm, anno 879).

l'élément historique de Huon de Bordeaux ii

à Aubouîn. Il y avait, il est vrai, un point de contact entre l'histoire d'Aubouin et les traditions relatives à Huon : tous deux étaient partis pour l'exil après avoir commis un meurtre. Ce n'était pas là, toutefois, une raison de confondre l'histoire de l'un avec celle de l'autre, et il faut peut-être supposer que les deux personnages furent unis dans une tradi- tion commune avant qu'on n'attribuât à Huon ce qui concernait Aubouin. Le fils de Séguin de Bordeaux, banni de France et réfugié en Lombardie postérieurement à 845, a pu rencontrer Aubouin sur la terre d'exil ; il a pu se lier d'amitié avec cet autre fugitif, partager les mêmes dangers que lui ; les poètes auront ensuite chanté leurs exploits communs, et un jour la légende de Huon de Bordeaux se sera trouvée transformée au contact de celle d'Aubouin.

Auguste LONGNON.

MIRACLES DE NOTRE DAME

EN PROVENÇAL.

Les miracles que je publie ci^après se trouvent dans un ms. du Musée bri- tannique, Addît. 17920, foL 1-6, dont M. P. Mcyer a donné la description dans les Archiycs des missions scunîifi^uts d liuirairest 2" série, ill, 307, M. P, Meycr indique les miracles de Gautier de Coincy qui correspondent à ceux de notre ms., faisant remarquer que le numéro VIII ne se trotive pas dans Tédition de Tabbe Poquet. Ce miracle est en effet un de cetix que cet éditeur, soucieux de Thonneur de ta sainte Vierge, a cru devoir supprimer. Il se trouve dans le ms. de Londres Harl. 4401 foL 45 d. Malgré mes recherches, je n'ai rien trouvé sur les numéros I, IV, X et Xll, et pas grandchose sur 111 j pour les autres miracles fai été pitis ficurcux. Plusieurs collections latines du Musée brit, pré- sentent des miracles qui, à en juger par leur étendue et leur caractère, peuvent très*bien avoir été les originaux des nôtres, et je les ai appelés ainsi dans mon énumération pour être plus bref. ]*ajoule encore quelques autres observations.

Il, L'original se trouve Cleop. C. X., fol. 126 b^ Arund. 546 foL 6 a.

JII. Ce miracle est le sujet dti n*» xxxv de la collection de miracles par person- nages que MM. G. Paris et U, Robert publient pour la Société des Anciens textes français. Cf. G. de Coincy, col. 44^.

V. L'original se trouve dans Harl. 2ji6 fol. % a. Une version plus dévelop- pée se trouve dans Cleop. C, X. fol. i\i û, G. de Coincy, col, ^47.

VI, L'original se trouve dans Cleop. C, X., fol. iû8â. Ce miracle, d'après M. Meyer, est rapporté par Guillaume de Saint Pair, Rom, du mont Samt-Michd^ ¥. 3552 ss., et une version en vers français se trouve dans le ms. B. N, fr. 575, au verso du dernier feuîllet. [Cf. Et. de Bourbon, § 114,)

VIL L'original se trouve dans Arund., fol. 64 r. Cleop. C. X., fol. 124^, VIIL L'original qui se trouve dans HarL iji6, foK 6, a été imprimé par Th. Wrighl dans ses Latin SîoricSf L.xxxni; cf. sur le miracle, Hist. /iw., XXIII, 124. Une version française est imprimée dans Barbazan-Méon, II, 314- jp. Il se trouve sous forme dramatique dans les MiracUs dt NrD, par pcrsùn- nagts^ 1, 57* Sur G. de Coincy, voy. ci-dessus. [Cf. Et. de Bourbon, § î ? 5.I IX, 'original se trouve dans Arund. 546, fol. 64 v., Addit. 11 579, foL

MIRACLSS DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL 1}

iitff d. Barbazan-Méon^ 11, 420. Hagen, Gtsammtabmetitr^ IllyCXXV. Legrand d^Aussy, V, 55- Une autre version dans PfeiflFer, MarienUgenden^ cap. x\i. Une irenton en moyen-haut allemand, p. SJ*- G, de Coincyj col 355,

X. G. de Coincy, coL 606,

XL Pfeiffcr, MarimUgendcn'^ Anhang, cxxvuL Une version en moyen-haut- allemand, ib,, p. 83» G. de Coincy, coL 517*.

XLU. L*onginal se trouve HarL 2316, fol. 4^, Une rédaction un peu plus succincte se trouve dans Harl. 463, fol. ar v, et a été imprimée par Wright dans ses Latin Storics, CX. Cf. Méon il, 394, Jobinal, Nouv. Rec.^ I, 79, Gcsîa RùmûnoruTUy éd, Oesterley, n'» ij.

Disons quelques mois de la langue des miracles, EHe est loin d'être régu- lière. Ct tatin par exemple devient généralement ch; ainsi nous aivons fâcha 71^ dkhi 70, maïs il se maintient dans retraita 68. Us du nom. sing. est quelquefois mis, comme hcratias 1 j, 21, to Jugicus i j, quelquefois omis, comme m crcstia 20, h Iagi£U 18,

On sait qu'en prov. s peut tomber devant un jod roman, Diez, Gramm.y P, 259 (irad. 222), cite comme exemples dans lesquels s est tombé entre deux voyelles, les mots baiûr, mayo, ocaio, gUia^ pnlo. Dans tous ces exemples il s'agit de la combinaison i/\ dans laquelle s tombe, tandis que / garde sa valeur gutturale ou devient palatal, égalant § et plus tard j. Il est souvent difficile de dire si dans certains documents de la langue provençale il faut lire par exemple aia ou ûja : mais il me semble hors de doute que dans nos miracles il faut se décider partout pour la palatale. Car nous y trouvons deux exemples^ dans lesquels la nota- tion par g enlève tous les doutes : vegio, 3, et conjugio 185. J'ai donc aussi écrit mûjos 8, et gtitja i . La palatale est encore préférée à la gutturale dans mguonja qu'on trouve aussi dans le poème de Pcirol, Mantû gms mt mal rajona^ nroant avec lonja (Mabn, Wtrkt 11, 3).

Notre texte présente une particularité qui ne se trouve pas ailleurs, que je sache. C'est que i et 2 que ce dernier soit issu de <^ ou de c latin devant ê^ r, f\ se change en /^ noté aussi par g. Citons des exemples i

!• S devant a : accujada 90, dohtroja 62, mcrailhojamen 89, mcspnjamm 107, ^jar ^i^ paujat 124, paujada 67, 109, tmpaajat 88, prcpaujamcn 146, rf- prqa 76.

K Cette célèbre légende a inspiré la Vlniis d*ïik de Mérimée; îe poète allc- Bmd Eichendortî en a également tiré une nouvelle : l'Image de marbre {Œuvres complhcs^ II, 105). H. Heme, dans sa fantaisie sur les Dieux en exil^ la rapporte d'après le curieux livre de Kornmann^ Mons Venerls (Frankf. 1614), elle se trouve en effet à la p. 77 : tCornmann l'avait prise dans saint Antontn, qui lui- même l'avait empruntée à Vincent de Beauvais,

2. [Un récit semblable, sauf quelques changements introduits pour un but spécial, est donné par plusieurs auteurs comme ayant été l'occasion de rétablis- sement de la fête de la Conception de la Vierge. Voy. Et. de Bourbon , édit. Ucoy de la Marche, S »o6. G. P.]

j. [C'est ici le lieu de rappeler que M. l'abbé Vayssîer indique parmi les caractères du dialecte rouergat, parlé sur la rive droite du Lot^ au nord du dép. de TAveyron, l'usage de remplacer t h s doux par /\ qui a un son chuin- tant: bijio^ bise, comijio^ chemise i [Revue des îaag, rom,, lll, 355. P. M.]

14 i' ULRICH

S devant «: dtgtmparn 17, dijespartnta ijj, prejes 43, nmagero 71,

S dcvnnl i: vegitar 59, dmgtda 61, vigiblamtn i88.

2* Z issu de <i ; ^a^/ jy, iï«gâ 82, 102, augcna 34, bcncgïiz p, btntgtliâ 65, tifgij 12], CJgec 71, crf^/tf 13^ crf/Vs 176, ^aglm \\, lûujar \2iy met gif 9^, ngia 114, 115.

Z ISSU de f : dcgia 49, Jige/i 6, duo j amen i^^^fagm 6, /'<fgto Sjff^gif^ ^^t fijts 172, /fl^w 54, ;»/â^/o lûo, itrngi \%^ vcgi i-^ù; fercjâ IX, ancgngitz 71.

Pour expliquer ce phénomène, il faut partir d'j. Comme pour arriver de c à f , il faut admettre le développement d'un y après le c, un ) s'est intercalé après Fj et s donne î, tout à fait comme visionem =^ v^g/o.

Diez, Cramm,y IP, 198 (trad. ï8i) remarque que Faidit préseote pour j/ï aussi au et que les L^jr^ connaissent ce changement. Notre texte offre deux exemples de ce phénomène: vaa (j, 4, 42, 48, 78, 94, 101^ etc.) et au ^u Diez a raison d'admelire comme fondé ce passage d'an en au. C'est en effet un phénomène qui se trotive dans beaucoup de langues indoeuropéeones que j nasal se change en au quand cette combinaison se présente devant tine consonne, à la fin du mot. Si l'on disait que m ou n se change en u, on donnerait le résultai du développement, mais on se représenterait celui-ci d'une manière inexacte: a-i-m et a-^n ont subir la nasalisation comme ta présente le port. vâo, puis le timbre nasai s'est émancipé et s'est changé en u (fr, ou). Cf. Joh, Schmidt, Zur Gachkhte des Indogermamschen Vocatnmus^ J, 147). Nous avons le même phénomène dans la troisième pers. plur. du présent ind, delà première et de rimparfait de toutes les conjugaisons, quand les textes présentent les formes 0; seulement a offre encore une évolution de plus, aa devenant 0. La différence entre vau et avio s'explique parfaitement par l'accent. Je pense qu'il faut voir la même influence dans les adverbes qui dérivent de part. prés, comme dans erraummtf de même dans graumcntK

1. [L*emploi de au pour an à la 3* pers. plur. de l'ind. prés, d'aver et à la même personne du futur, au, aurau, amarau, est en effet incontestable comme Diez le reconnaît, mais je doute fort que ï'auteur de la Grammaire des langues romanes eût expliqué cette forme comme le fait notre collaborateur. Pour moi je considère au comme régulièrement d*kaknt en passant par aveni, av'nt. Une forme plus pleine est aun qui se trouve aussi (voy. Diez à 1 endroit cité), notam- ment dans le chansonnier de Peiresc (BibL nat,, fr» 1749). Quant i ïo de Timp. }*> pers. du plur. je ne puis admettre qu'il vienne a*aa; on n à jamais dit aviau. fl me paraît évident quVvfo (ou avton) s'est produit à côté â'avian^ forme plus étymologique, de la même façon qu'amOfamon à côté d'aman, ^Je crois enfin quUrraument et graumeni^ si graument il y a, n'ont rien à faire ici. P. M.]

[J'objecte à M. P. Meyer qu^il n'explique pas la chute de Vn devant une con- sonne. Diez P 402 dit qije/îj quand il se trouve dans la terminaison atone pour lit latin, est inséparable dans cantan et cântcn^ parce que canta et cante auraient causé une confusion avec le sing., mais que l'omission de Vn est permise dans les formes en on. parce que cette confusion n'existe pas pour elles. Çeitc raison n'est pas sérieuse. Les langues se servent des pronoms pers. pour distin- guer des formes verbales devenues égales par les lois phonétiques; le français n'a même plus cette ressource dans il parle et ils parlent. Si l'on admet que au 4- cons. peut donner en prov. comme ailleurs 1) à la tonique: aun ou au^ 2) à l'atone : on o\i 0, on a la solution de ta question. Canîan et canten ne peu- vent pas perdre leur n, parce qu'il est devant une consonne, miis cantan peut

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL f$

Oki, Gfamm,, ill'^ 341 (trad. ; ty), fait observer que le roman préposait, pour marqoer rinsistjncc, certaines particules au second membre de la proposition, lorsquHe premier avait uue signification temporelle, causale ou conditionnelle. Ces particules sont sic et it. Mais, d'après lui, d n'est employé que lorsque les deujc propositions ont des sujets différents* Cette assertion est contredite par les exemples suivants de notre texte : E quan l'tfas to vîj e cl ac pûtjr en se meteihs^ 101. E quan aqutst ckrs fo excitât de son somjcf e il anct queren la jmûguia^ 105. E quûn aqucsl evesque fo vingut a port amb sos companhos, e d n h sua companho 1 18- Cf. encore 121, J48.

(I) (Foi. 2*) Assi dijoit sUnsec dils miracles de Sainhta Maria vergena, (rubrique} E prumeiramm : Cossi nosîra dona donel forsa e poder als efans que levesso las colomnas basîen la sua gUeja (rubrique) .

{ , Coroa Costanti fées bastir una merevîlhoja glieja ha la honor de nostra dona, e agues fah amenar alqunas grans colomnas a obs de la dicha glieja, vau venir pluros homes per ïevar aisselas colompnas ella glieja. 2. Mas anc levar no las pogro, et de jorn en jorn sestudiavo de lei*ar amb gran forsa, c re finalmen no pogro acabar, ^ Mas aprop nostra dona fetz appareîsser en vegio al maestre que bastia !a glieja que apeles très efans de l'escola Ihi quai no ero pies enquera de perfectio de vertut, et levario las colomnas. 4. E lo maestre va los apelar, e aissi quan foro vengut, vau se penre a las colomnas, e de contenen vau las levar per lo miracle de nostra dona.

(II) En quai maneira nostra dona no suofre las enj arias fâchas al sieu glorios filhj aisil aparec en la ymagina contra la qiml llii Jagieufagio escarnimens de la passio.

5 . Un arcivesque cantava una vetz elia ciotat de Toleta lo jorn de la

donner canton ou canto parce qu'n^ en exerçant son influence sur a, peut se maintenir ou s'user. Les autres formes en on, comme servon et agron, ont subi rînfluence de la première conjugaison et des imparfaits. J. U.l

[Je n'explique pas comment il se fait que Vn de cantan subsiste toujours, tan- dts que \'n de canton disparaît en certains pays, et je reconnais que la raison clonnée par Diez est faible; mais je persiste à regarder comme absolument inad- missible Tcxplication proposée par M. Ulrich, car elle suppose la production d'un u U il n'en existe aucun exemple avéré en provençal ; Tanglo-normand yauni, le ladin domaun (Ascoli, Sjggi, 1, p. 10) sont sans équivalents au midi le la France. Il faut encore supposer, d*après M. U., oue a atone puisse devenir 0 sous l'influence d'n, 2^ que Vn après avoir exerce celle influence, et parce qu'il l'a exercée, puisse tomber plus facilement que s'il ne l'avait ps exercée. L'enchaînement même de ces hypothèses, dont aucune n*est appujféc de la moindre preuve, suffit à montrer tout ce que le système de M. U- a d in- vraîsemblable. P. M.)

I;

l6 J. ULRICH

festa de la assumptio de nostra dona. 6. E aissi quan lo arcivesque fagia la sécréta e lo pobo! fagia orazos a Dieu, va una volz appareisser del cel, plangen e digen enaissi : 7. Oi ! Oi ! Oi 1 Quai malvastat que [es] entre los homes sigTiat[z] dei signe del creador! La nequicia dels Jugieus regnha e aussîs e vitupéra seguondamen lo salvairedel mon. B, E aisso lo pobol retenc amb gran entendemen, aissi que fo del cosselh del arcevesque e del pobol que boni ânes sercar diligenment per tota la dotât las majos dels Jugieus, hi trobaria hom re que fos fah comra Dieu; aissi que va bom trobar la ymagina de Crist en una majo d^un liizuu ' la quat Ihi Jugieu batio, escupio e vituperavo a maneira de la sua passio. 9. £ d'alsso Ihî crestia foro mot corossat e trist e vau mètre a (f. 2 b) mort los Jugieus de contenen.

(111) En quai maneira un crestia mes en guatge la ymagina de Crist vas un Jugiiu per prelz d'una soma d^argtn^ e en quai maneira, quan lo creitia h ac paguaiy la ymagina port et iestimoni de la pagua,

10, Ella ciotat de Bisancea que d*autre maneira es apelada Costanti- noble, fo un ciotada que vole divulgar la fama ; per que el acomenseï sas riquezas largamen a despendre. 1 k E quan sas riquezas Ihî defalhiro, e el manlevet de sos amies, aissi que toi ho despendet, e pues el no tro- bet amie ni autre crestia que prestar li volgues, aissi que ac recors a j. Jugieu rie, e va lo mot caramen preguar que Ihi prestes argen. 12. Elo Jugieu va Ihi dire que sobre guatge Ihi prestaria. 1 3. Mas lo crestia dis que cl no avîa guatge que Ihi baiies, si no Jezucrist lo quai colia e gregîa, 14. E lo Jugieus respos Ihi e ditz que el no cregia Jezucrist esser dieu, empero quar sabia que drechuriers homs era e propheta, el ditz que si lo Ihi baîlava en guatge que et lo penria. 1 5. E adonc lo crestias Ihi ditz que anesson a la glieja fâcha ha la honor de nosira dona, [6. E quan foro vengutz ha la glieja, ditz al Jugieu que el en persona presenmen no li podia bailar Jezuscrist, mas e luoc ^ del Ihi bailava la sua ymagina laquai fos obliguada pel crestia. 17. E ditz Ihi plus que si no lo avia paguat al terme que Ihi avia mes» que el volia esser sers del Jugieu tostems, e enquerda que aprop lo terme fos tengutz de paguar so que Ihi avia pres- tat. 18. E adonc lo Jugieu ditz que fos fah aissi quan lo crestia ïo degîa, aissi que quan lo crestia denan sos amies e aquels del Jugieu Ihi a bailat la ymagina de nostra dona que lenia so filh en sa fauta fj no pas que le Jugieu l'enpones a sa majo, lo crestia va dire en aquesta maneira : 19. Senher Dieu Jezucrist, del quai la tua ymagina per aquesta pecunia

i. lieu est ajouté par une main postérieure,

2, c est ajouté par le correcteur,

J, Une maiR postérieure a corrigé fauda.

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL I7

Ueu d haiJat en guatge e obliguada, hieu te prec que si per alqun cas hîeu so empachatz de redre aquesl argen al terme que (/. 2 c.) m'es assî- gnatz per io Jugieu, que si faiea la te baile que tu la redas per me per la maneira que mas te plaira. 20. £ quan ac aisso dih, lo Jugieu e lo crestla ae depaniro del temple el Jugieu anet s'en am io crestia a sa majo e pnestet Ihi argen so que vole e assîgnet Ihi jorn de paguar. 2 1 , E aprop lo crestias quan ac près Pargen^ apparelhet una nau[s} e fetz la carguar de mercadarias e mes se en la mar e ânes s*en si que pervenc en las partidas de Barbaria. 22. E quan ac vendut so que portava e el fo molt enrequigitz, e adonc (e)el doblet auiras naus e carguet las d^autras mer- Cddarias, aissi que tan se donet en aquetz negociis que lo jorn que Ihi era assignatz a paguar se va oblidar. 2$, Mas pues j. jom denan lo terme ihi va membrar que Tendema el avia a paguar, e fo motz trist e ttifa set familiar, e d'aisso el fetz mainhs plains, 24, Mas aprop quan fo tomatz en se meteihs, el cogitet que bailes aquelargenaJezucrist loqual avia obliguat. iç* E fetz far .h escrin e <^£dins * el va mètre l'argen que devîa al Jugieu e metz lo elia mar e comandet lo ha aque! que fetz las mars, aisy que Dieu vole, al quai es toia cauza possibla, que aquel escrin en una nueh passet per divers pass de la mar e anet ferir Costa la ciotat de Bisancea que Costantinoble es apelada. 26. E quan venc lo mati^ ,1. dels tamiliars del Jugieu va venir costa las ondas de la mar e vi aquel escrin e cujet lo penre amb la ma. 27, Mas Tescrin sealonget del^i e pueis aquel familiar tomet s'en a Postal e ditz al Jugieu que .1. escrin avia vist cosia las ondas de l'aigua; el Jugieu anet la e va penre Pescrin e portet l'en a Postal e va penre aquel argen e va lo rescondre en 50 Ijeh. 28. E aprop un pauc de tems lo crestia va venir a la dicha ciotat, e qaan lo Jugieu lo saup, el va venir al crestia e demandet Ihî Pargen que Iht avia prestat, 29. Mas lo crestia Ihi ditz que d'aîsso que el thi avia prestat el lo avia paguat. 30. Mas lo Jugieu Ihi rephquet et ditz que el avia pro testimonis cossi el Ihî avia prestat tan d'argen. ; i . E Pautre no avia testimoni cossi el lo agues paguat. p. Mas lo crestia (/. 2 d] Ihi dilz que el avia en testimoni aquel que Ihi avia obliguat e donat per fer- inansa. H* ^ ^^^^ ^^^ 4"^ ^^^^ ^^^ ^' ^ ^^ glieja e augiria so testimoni, aissi que amb jl s'en hanero ha la glieja amb mains d'autres dena/z ? la jmagina de Jezucrist. 14. E adonc lo crestias va dire : ^s- Senher Dieu lezucnst, aissi quan tu es fîlhs d'orne et de Dieu, tu me porta testi- cnoni de vertat, si hieu ei bailat ha aquest Jugieu so que me avia près- tat \6, E. adonc la ymagina denan trestotz va dire que al Jugieu era satifah de so qu'el avia prestat al crestia, e ditz que Pargen que era ell

t. de est aiouté par une main postérieure. 1. dd est ajouté. ). Jl est a|OUté par une main postérieure. RQmatiia^Viîi

l8 J. ULRICH

escrin, lo Jugieu l'avia agut e avia lo rescondut jotz son lieh, $7. E quan lo Jugieu augi aisso, el ac verguonja e reconoug que vertatz era, e peraquesi miracle lo Jugieu degemparet la error des Jugieus e queric lo baptisme, aissi que receup lo baptisme e la fe de Crist. 78. E peraquest miracle aquela glieja es apelada Testimonî, ella quai glieja es fâcha festa lo jom que aisso s'endevenc*

(IV). En qiml maneira la ymagina de nosîra dona receup h quaird que SOS aversaris trametia al sieu dévot, e cossi la ymagina mes paît entre los enemics, e quan foro covertit^ los receup a penedansa,

Î9* Prop d'Orlhis a un castel lo quai es apelatz Avenon, on Ihi ciotada ha honor de nostra dona avio fah una glieja, aîssi que alquna velz s'en- devenia que aquels del castel avio paor de lors enemics. 40. Mas elsque se fiavo de nostra dona anavo ha la glieja amb lors molhers e amb lors efans e aquî de gran coratge demandavo ajutor î ha la ymagina contra lors enemics, 41* E quan un jorn agro fah lor pregueiras amb gran lagrimas, ilh emportero la ymagina amb lor. 42. E a defendemen de lor e a terror de lors enemics ilh la vau paujar e la vau mètre a la porta del castel , aissi que un dels ciotadas estava tras la ymagina e trametia contra los aversaris dartz et sa jetas per que naussegia moiz. 45. Mas un dels enemics va ha aquest recondudamen e ditz Ihi que si no se oslava d^aqui que la ymagina no lo poiria guardar que mort no prejes, e trames Ihi lo dart e cujet lo aussirre. 44. Mas la ymagina (/. 3 û) se va girar e retenc lo» e per aquesta maneira la vergena Ihiuret lo sieu dévot de mort. 45* E d'aisso aquest dévot ac ta gran gauh de la vergena que de contenen el trames sa sajeta conira aquel sieu aversari e anet lo ausirre. 46. E aprop aquest miracle fo divulgatz als enemicSj els devotz de la vergena crido que ela !or sia aju:ori e defendemen. 47. E quan Ihi enemic ho viro, ilh agro gran paor e gitero lors armas ho âmes puor, e demandero patz e intrero ella glieja de nostra dona, on feiro mainh/4 * offerendas. 48. E aprop vau prometre que nuls teras no (no) irio en aquel luoc, e tro al jorn de hoeu ^ aquela ymagina a tengut e te aquel dart toi dreh ella ma.

(V). En quai maneira la vergena Maria un ders sieu dévot que la sala- iava tôt jorn la Ihieuret de mort e de son lali propti lo alachet e ihi reparet la lengua t las lavras e Ihi donet sanitat,

49. Un clers fo que avia mol fort son entendement ellas riquczas del mon; empero nul lemp no intrera en glieja ho passera denan que el no saludes nostra dona de la salut del angel, e degia : Ave Maria gratiaptena,

I . en est ajouté par uoe main postérieure. 2. a est remplacé par u.

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL I9

dûmintis îtcum et cet. 50. E aisso degia a genolhos e pues degia en aissi

meteihs en aquesia maneira : Beatas venter qui te portaviî Ckrisîum e[t]

^^iâia ubera qui te lactavtrml sahatorem nosirum. çï. E volo aisso dire

as paraulas : Benegitz sia lo ventre que te Christ a portât, e

benauradas sio las tetinas que te salvaire nostre au alacbat. j2. Mas

|€ndevenc se a haventura que aquest clers perdet lo sen, aissi que per

dolor que avia manjava sas lavras e sa lengua. 5?» E aissi ho volia

if dels autres membres de son cors si hom Ih' 0 sufertes, e per aisso lo

igia * mot lah veire. ^4. Mas a. jom jagen en son lîeh el vi a son cap

persona mot bêla e de bêla faisso, e aisso era l'angels de Dieu que

plora[ya] en aquesta maneira e degia ^ : que es aisso, doua de mîsericordia

c fon de pietat ? e membre te del tieu dévot ioqual te saludava tos tems

devotamen. $$. E pues degia : Maire de Dieu, si tu defalhes als tieus,

ni aura recors a tu '^ no sîa, dona, no sia. 56. Quar la esperansa del mon

■«fi anullada si no trobo en te remedi e cosselh. 57. E qiian degia aisso,

t ta maire de Dieu va (f j b) paresser al angel e al(s) clers e vole satlsfiir

al clers de la demora que avia fah, aissi que se apropîet de! liet del clers

e fo Ihi en vejaire que la vergena Ihi mes ella boca sas tetinas si que la

lengua U soudei^ e las lavras que ero root laias a veire Ihi restituit a sani-

ttat, $8, E pues lo clers quan fo gueritz de toiz ponhs, prediquet a totz

«ervigi de la maire Dieu, e pues tan quaii visqueî menet vida reli-

(Vï). En quai maneira nosîra dona delhieuret la fenna prenhs del perilk^ de la mat e la fenna amb son efan amenet al port de salut*,

Î9. Es un luoc apeîat Tumba on ha una glieja de San Miquel arcan-

b quai es mot merevilhojamen bastida, e aquei luoc es evironatz de

gran mar e es mot perelhos pass per lo cresseraen el descressemen

^de b mar, si que es de tal naiura aquel luoc que a aquels que volo vegi-

lar la glieja de S. Miquel aquela mar se départ doas vetz lo jom, mas

I pas pauc e pauc, aîssi coma las autras mars, ans ho fa amb gran

•"«brivament e amb terrible soo, e per so aquel luoc es apelatz perilh de

mar. 60. E ella festa de S. Miquel aquels que so aqui entom de cascuna

terra se perforso de vegitar aquella gleja. 6ï. E endevenc se^ que

una festa de S. Miquel una mukitui de gen vole vegitar la gleja

aquesta quan la mar se fo sopdamen devegida. 62. Entre los quais

una fenna paura preinhs que era venguda al tems d'enfantamen,

^m$à que quan foro dens lo cami en la rena, la mar moue sopda-

1 . Ms. fa^io, 2. degia est ajouté, î. A est a|oaié. 4. En marge on lit ces mots en partie coupés par le cou- teau du relieur : Aqaist m[irack] semblait v[oj] ava el l[ibrc] àc Sta Mû[nâ].

20

J. ULRICH

nien soo devenir, si que aquels que ero amb la fenna s'en ftjgiro corren e la fenna remas aqui tota doîoiroja damans e requerens ajutori coma aquela que no podia corre. 65. E sentia las dolors d*efantar perque ela cridava ajutorî. 64. Mas cascus dels auires no curava d'ela, quar plus cascuns curava de se salvar que no fagia remaner amb la fenna. 65. E quan ela vi que l'ajutori humanai Ihi defalhia, eïa envoquet rajutori dîvi- nai e apelei ploran en ajutori dieu Jezucrist e la sua benegeiia maire e S. Miquel arcangel, 66. El pobol que aquesia fenna vegia en (/. i c) lal perîlh leva va las mas junhtas vas lo ce\ e preguava per ela, aissi que quan aquestas pregueiras se fagio, e la maire de Dieu va venir, aissi que ha la fenna era en vejaire que la vergena Ihi lenia sobre son cap la ma, si que la fenna fo deliurada senes perilh del enbrivamen de la mar, que anc de una gota d'aigua sa vestidura no fo locada. 67. E aqui eslan ela va efantar senes paor coma si fos en fort e en segur luoc paujada, 68, E estet tan en aquel luoc enaissi troque la mar s'en fo retraita. 69. E aisso viro aquels que sobre vengro a la dona*

(VII)- En quai maneira h yel de la ymaglna de nosira dona e la conina que ira cosîa k dkka ymagina no Joro cremat,jadaîsso que tôt autra caitza que era de costa crûmes.

70. En la dicha gleja de S. Miquel que es el pueh apela Tumba, so relegios moines que servo ha nostre senhor. 7 1 . En aquesta glieja s'cs- devenc una vetz que lo folgre cagec del cel que lot quan que hac ella glieja va cremar, exceptât que quan lo fuoc fo prop de la ymagina que lo fijoc tocava lo vel que era blancs c grans, loqual aquesta ymagina fâcha de fust porta va en son cap, nol cremet, anc nil fums no lo anegregi ni en pauc ni en pro, ans ta ymagina aquela e lo vel e ta cortina que pendîa denan la ymagina remagero senes deçà, perque se manifesto los miracles de nostra dona en fuoc celestial aissi coma en aquest miracle presen e ell' aigua de la mar aissi coma el denan dih miracle.

(VIII), En quai maneira nostra dona Ihiareî ta abbadessa prelnhs senes diffamatio ^.

72. Fo una abadessa morgua laquai avia fort cura de sa relegio e de sas subjeitas e en aisso guardar era mot rigurosa. 73. Mas quar loprofeh dels bos es pena e dolor als envejos, comensero las morguas contra aquesta abadessa redre mal per be, queren encontra aquesta ocaizo de paraulas. 74. E quar Tengin del enemic es mot enguanables, per b engin d'aquesi aquesta morgua abadessa se va acompanhar amb aquel

I- h fuoc est ajouté.-'!. En marge: [txùmpU?\ avazdimot [stmhhn] mitacU d iiibre de las] auctoritai [dels sainhsi

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL 21

que Ihi aportava k vianda si que la va enprenhar. 7j* Mas per so no remas que aquesta abadessa no regigues si coma avia acostumat (/* ï i). 76. Mas quan vene lo tems de l^efantamen, ela fo repreja del prenho e aisso fo vas totz manifestât. 77. E d'aisso las morguas se alegrero e degio que ela era per sos pecatz e deiietz finchamen rigoroja. 78. E aprop iquestas tnorguas vau escrire al evesque d'aquel luoc que aital cauza era, à que l 'evesque aquel venia vas ela. E ela no ho sabia. 79. E lo tems era vengutz d*efantar e ela no sabia que cocelh prejes, si no que selava lisso tan quan podîa. 80. Mas costa ela avia una capela de nostra dona, on eia avia acostumat preguar e far lauzors a nostra dona, s! que va intrar en aquela capela e preguet nostra dona aissi coma avia acostumat. 8f. E quan ac fah aqueias orazos, ela va preguar la vergena Maria amb grans lagrimas que en sa colpa Ihi dones cosselh, si que aquel fah ela passes senes desfamatio. 82. E aisso fagen ela se va a condormir, e quan dormia nostra dona va venir ha ela aconpanhada amb .ii. angels, e va Ihi dire que ela avia augit sa orazo e que avia empêtrât de son car filb perdo d'aquel fah que avia fah, e ditz Ihi que no agues doptansa. 8^. E aprop nostra dona va comandar als angels que delhiuresso Tabadessa dlaqoel fais que porta va amb se, e que portesso Pefan a un hermita que era aqd prop; al quai la vergena mandet que agues cura de Tefan per .vii. ans. 84. E aissi quan nostra dona ho avia comandat, aissi fo fah. 8}. E pues ta abadessa se va revelhar, e sentisse pleneiramen descar- guada del fais que portava denan, e adonc ela redet gracias ha Dieu e ha la vergena Maria. 86. E aprop las morguas feiro capitoI quan revesque fo vengutz, e aquesta abadessa anet hi e anet se seire el luoc hon avia acos- tumat Costa l'evesque. 87. E adonc Tevesque va la repenre amb gran[s] enjuriaSi e ditz Ihi que issigues fora lo capitoh 88, E aprop ela va tram être ai. ders que diligenmen enqueriguesso del crim que Ihi era enpaujat, els dcfc feiro ho, mas anc signe de preinho noih trobero. 89. E d'aisso feiro relacio al evesque, mas Tevesque eu jet que aqueis clers fosso estatz cor- romputz per pecunia. 90. E el meteihs va enquérir del fah, si que noIh trobet senhal de so de que era accujada. 9 k E adonc Tevesque se gitet (/. 4^} a sos pes e va Ihi demandar perdo de las enjurias que dih Ihi avia t va comandar que breumen issiguessen del mostier totas aqueias e aquels que avio l^abadessa accujada. 92. Mas la abadessa cogites en se meteihs <|oe veitat avio dih aisselas personas que accujada Tavio, jaciaisso que de mala volontat ho avio fah^ perque vole plus cofessar lo pecat al evesque que si las morguas aguesso sufertat alquna pena, si que se va g^tar als pes del evesque e demandet Ihi perdo de so que avia fah e va lh*o lot comtar per ordre. 95. E d'aisso Tevesque se va mot fort mere- vilhar e fetz gracias a nostra dona, e pues trames al hermita dos clers, si era vertat de l'efan. 94. E vau uobar que aissi era quan la abadessa

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ho avia dih al evesque, si que quan Tennita lo ac tengut per Mu ans, el evesque lo va penre e mes lo a letra e fetz lo en sciensa essenhar c en bonas costumas', 95. E pues Pevesque va mûrir, el efas va Ihi succegir el evescat e va predicar mot fort en sa vida dels miracles e de la gloria de la vergena Maria.

(tX). En quai mamira un efan clers espozel la ymagina de nostra dona amb un and e pueis aquesî efas Ihi menue ho nolh vole aîendre sas coyenens e nostra dona va lo apelar a son servigi,

96, Denan una glîeja foro alqus efans que jogavo al jot de la pilota, e ac n*i un que ac un anel en sa ma, loqual Ih'avia donai una piucela per afectio camal, aissi que el ac temensa que per lo joguar de la pilota Panel se rompes. 97. Ë va se girar vas la gleja e aguardet .1, luoc on pogues meire l'anel troque lo jocs fos complitz e que pueis lo prees. 98. E pueis el întret en la glieja e va veire la ymagina de nostra dona que fo mot bêla, e va la saludar e ajostet ha sa salut alsso, e ditz que la yma- gina de nostra dona era plus bêla en lotas cauzas de toîas autras fennas, enquera plus bêla que no era la piucela que Ihî avia donat l'anel per amor, e per so el ditz enaîssi : 99. Hieu renoncie ha la^ amor e prende Tamor de la vergena e promet! Ihî que tostems la amarei e la servirei, mas que en sia dignes* ï 00. E aprop aquest efas va raetre son anel el det de la ymagina tôt dreh, e la ymagina va pliguar lo det quan Tanel fo dins (/ 4 U) ha donar^ a signifiar que tos covenens aquetz plagio ha la ymagina. 101 . E quan i'efas lo vi, e el ac paor en se meteihs e va ape- lar aquels que Ihi ero decosta, e va ïor comiar tôt per ordre aissi quan Ihi era près. 102, E quan aquels ho agron augit, ilh Ihi vau dire e cosse- Ihir que renoncies al segle e pagues (0 vot que avia fah e que fos amies e servidor de la vergena aissi quan lh*o avia promes. 103, Ma el que fo poinhs de las aflfectios de riquejas, aprop un pauc de tems va penre molher e mentic a la ymagina del vot que Ihi avia fah. 104. Mas la pru- meira nueh que aquest jac amb sa molher, nostra dona va venir e va se mètre entre el[s] doos e mostret al clers Tanel e va !o repenre mot fort, quar Ihi avia mentit, 105. E quan aquest clers fo excitât de son somje, e el anet queren la ymagina costa se e no la irobet. 106. E adonc el cujet que la vergena no fos pas ha el venguda e cujet que fos cstada qualque cauza de folhîa que agues somjat, 107. E pueis lo clers se anet a condormir autra vetz, e fo Ihi e vejaire que la vergena era venguda a el e que Ihi fagia raaia cara pel mesprejament que Ihi avia

1 . En marge : Alai no dttz pas que sia istat des pensai am aquest e/an que pogues tener evescat ^ laquala causa era requuida exprès samen^ no pas solamen Ugili- maliQ,

2, ta est ajouté.

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL 2?

tài, e menassava lo de greus tormens. io8. £ aprop el se va evethar e ic gran paor, aquela nueh meieihs el se va levar c laisser totas cauzas caœt se reclaure en herraitatge, hon servi devotamen pertota sa vida a Qostra dona aissi quan Ihî avia promes, mot devotamen.

(X). En qudl maneira nostra dona envolopet un home de so mantely loqual home ira en gran periih de mar e pues tu ameneî a port de salut.

109. Una naus fo ella mar carguada de peleris ihi quai anavo en Jérusalem, i lo. Mas endevenc se que lo nautonier conoc e senti que la MUS era en tal perîlh paujada, que escapar no podia. i lo. E va penre on batel que portava en la nau e dîssendet lo en Taigua e aqui el fetz descendre de la nau J. evesque e d'autres. 1 1 1, E aissi quan i. home hi deisscndja» e el va caire elîa mar e deconîenen el va afonjar que anc no fo vist. 112. £ aprop lo nauionher va aparlar aquels que avia lais- sât ella nau, e dîtz lor en quai periih ero, e que lor membres de lor armas e que se confessesso e ilh feiro ho de contenen, i ij. E tan leu la nau va périr e întra s*en en la mar que hom non vi tan ni quan. 1 14, E a- (/. 4 c) donc Tevesque amb los autres fetz mainhs plors per l'arma dels cors de sos companhos, losquals vegia périr, j j ; . E aprop el aguar- dava sa e îa per la mar, si vegia per aventura alqus essenharaens dels cors dels negatz. \ï6. Mas de contenen el vi elas undas de la mar volar e rei'olar a cuora una colomba e pues doas, e pues très mot belas que imravo ell'aigua, e pues se intravo ho rooniavo el ce\K 1 17. E adonc l'evesque estimet que aquo ero las armas dels negatz [e] ero portadas [d] paradis e ac mot gran dolor que la sua arnna no era aqui. 118. £ quan aquest evesque fo vengut a port amb sos companhos, e el vi lo sieu companho que era cazutz elPaigua, quan dissendia de la naujs) el nivts, e vi que issi de Faigua sas e sais. 119. E adonc Tevesque e sos companhos foro mot esbaitz, e d'autra part agro gran gauh quar viro lor companho. 128. E vau Ihi demandar que Ihi era endevengut e cossi era venguu a port de salut- 121. E cl adonc va lor respondre e ditz lor que quan cagia eU'aigua, e[l] apelet lo nom de la vergena Maria, e quan lio avia fah, el era vengutz a salvalio per lo nom de la vergena Maria, la quai no enblida sels que dignamen Tapelo. 112, E diz plus que nostra dona lo avia cubert de so mantel jotz las aiguas troque pervenc a port de salut, ii}. E per so nostra dona fo per totz laujada e fo predi* cada per totz coma maire de mîsericordia.

PU)^ En ifuûl maneira nostra dona delhiarei de periih seh que ero en gran perUh de Umpesta sobre k mar.

Les quatre derniers mots sont ajoutés.

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1 24. Un abat fo amb d^auires en una nau sobre la mar de Bretenha en gran perîlh paujat quar lo fagia ta gran [le m] pesta ' que îlh de loiz poinhx' se desperavo de lor vida» si que l'us clamava lo nom de S, Nico- lausH Pautre de S. Andrieu, l'autre de S. Clar.e aissi cascus apelava la S. que plus Ihî era familiars, 125. Li autre atressi fagîo e oiîrio petilz doos, si coma es acostumat vas aquels que so en perilh de tempesta sobre tnar. 126, E quan l'abas vi que cascus apelava lo S. que plus Ihi plagia e negu no apelava la maire de Dieu, va dire en aquesta marieira. 1 27. 0 fraire^4, que failz? que apelatz los S, que meinhs podo e laissas aquela que plus pot? 128. Sapias que bo es so que faitz; mas methor fora trop, si luh essems apelassetz la maire (J. 4 i) de Dieu. 129. E adonc tuh vau clamar la maire de Dieu que agues merse de lor. 130. El abas que era mot debles^ quar de âî* joms e de doas nuetz no avia manjatmas un pom, va acomensar aquel respos que ditz : Félix namque es amb lo verset Ora pro populo, etc. no* E aisso feni a greugs penas amb sos raonges. [ ji, Mas no se guardero que ella summitat de Talbre de la nau vau veire una cïardat a maneira d'un gran tortez que fuguel iota escurdal de la nueh^ si que tuh aquels que ero ella nau veiro claramen. 132. E adonc la tempesta cesset e ilh per la vergena agro tranquîllitat e pat2. 1 3 j, E aprop no iriguet gaire fo jom, e la nau anet ferir vas aquei luoc on els volio anar.

(Xïl). En quai maneira nostra âona delkiuret la piucda perilh de ta lengua e de las îavras.

134. En un bore de l'evescat de Noyo ac una piucela que queria s so vivre amb sas mas filan, si que lo jorn de la assumptio de nostra dona aquesta piucela comenset lo filh a torser e molhar amb sa saliva, 1 3$. E aissi quan fagia aisso, e lo filh se près ha las lavras e ha la lengua e va Ihi torser la lengua en tal maneira que las lavras e la lengua foro de sus de jotz gîradas, si que la saliva apparessia de fora laboca, laquai escupir no podia ; perque avia perdut lo parlar e era mot laia a veire. 1 36. Aquesta piucela plorava e menava gran dolor e no sabia que dévia far, si que Ihi vegi n'agro fereja e vau la menar ha S, Elegî e vau l'en tomar, que anc no fo guerida, 1 37. E pues ilh la vau menar al mosiier de nostra dona que es cap del evescat de Noyo e vau la raetre denan l*autar e vau preguar per ela. 1 38. E per la gracia de Dieu las lavras se vau des- torscr dccontenen» c ac planeira salut.

(XUÏ). En quai maneira la fenna deceubuda jotz senblansa de pietat con-

I, perilk est elfacè. 2. x est ajouté, 3. 1 est effacé. 4. s est ajouté. $. â est ajouté.

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL IJ

ciup de son pwpri frlh, t qaan cjanîai^ esîrangaolet Vefan e lo giut dla privada (rubrique).

159. Un rie home fa a Roma amb sa molher, e l'us e l'autre era de paralge. 140. Mas negu efan no avio. iiu Aqueiz fagio grans almornas per so que lor dones .1. filh, 142. E noslre senhe que vi lor voloniat, va ior donar que agro .l filh. 14^ E quan agro agut, ilh (a) (f. ^ a) agro gran gauh. 144. Mas pues lo paire no fo tan escalfatz de caritat co- ma quan no avia filh. 145. Empera alquna vetz Ihi endevenia que era mot pies de affectio de caritat, aissi que una vetz Ihi venc en devotio que intres en religio ho que ânes estar e qualque luoc soletari hon pogues vivre que no fos conogutz e guardes puritai de patz etemal. 146. Mas quar ia molher, lo sieu prepaujamen îhi mudava. I47. Mas aprop mainhs emimens el ho va dire a sa molher e diiz que jaciaisso que Ihi desplagues estar scnes ela, empero plus volia servir a Dieu, aissi que va dire ha la molher que en sa absensa lo agues en coratge, en amor de castetat. 148, E quan la maire aquesta se senti sola, e ela cogitet far volonteira- men las obras de Crist, e fagia mainhs almornas. 149. Edomentre ela alacbava e noiria so fîlh aitan quan podia, e tôt jorn lo tenîa ella fauta ho lo portava al coL 1 ço. E la nueh el lo ténia entre sos bratz costa sas tetinas. 151. E passan aissi lo tems, el de état de puericia pervenc a état de adolessencia. 1 $ 2 . E adonc la maire lo noiric e lo alachet el tenc aissi coma avia denan, aissi que la amor carnal, quar la maire no s*en guardet, se va enclinar ha corruptio, si que fo filh aquest se va mètre e luoc de marit et va enprenhar sa maire. 1 $^ E quan la maire se senti prenhs, ela ac gran dolor el cors e el coratge, si que ab un pauc no se efesperava per la gran dolor e la gran verguonja que avia. 1 54. Empero quna vetz cogitava la mizericordia de Dieu e fagia almosnas e dejuns e orajos. ijj. E quan venc al jom de Tefantar, ta verguonja que avia fagia dissimular la dolor que avia ela cara, aissi que la groissa de on ventre per gran verguonja celava quan que podia. 156. E aprop mssi dissimular ela va efantar. 1 $7, E quan Pefas fo natz» la maire lo ▼a estranguolar e pues lo va neguar ella privada on lo dampnei de sepul- tura, 1 58. E fetz aquesta maire en tal maneira que ta gran baratz fo vas toz homes celatz.

En quai maneira lo dyable nveiet lo crim de la dicha main per so que fos aernada, Mas ela per (f. 5 b) gran conpuncîio se tornet a Crisî.

1 59. L'enemic ansta, so es a dire lo dyable, que ténia l'arma de la dicha fenna liguâda e caplivada, vole procesir contra la dieha fenna per lormens, si que aquest enemic se va mètre en habit de clers e anet s*en a Roma. 160. E quan fo qui, el saludet los us e los autres e la gen va lo cnierroguar qui era. 161. E el respos que el era si poderos en la escrip- lura que no avia so par en questios dissolver ho determenar ni en secretz

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J. ULRICH

revelar. 162. Ë aprop et ditz a la gen que, per so que il conoguesso sa experiencia e sa sciensa, dkesso cascus si re a via perdut, quar el mani* festaria lo laire que auria agui aquesta cauza. 16$. E adonc cascus dîu quai cauza avia perdut e aquest enemic diiz a cascu qui avia agut certa- namen lor cauza e degia si aquet ïairo era presens ho s*en era anaiz, 164. E per aquesta fama aissels que ero prop d'el e II autre de longas terras avio recors ha el. 165* E atressi per la paor d'aquest enemic sels que ero lairo s'en fugîo 0 laîssavo que re no emblesso, aîssi coma avio acostumat ha emblar, si que la gen conoc que aisso era lor gran profih. r66. Et aprop aquest fo apelatz denan lo rei e lo pobol^^ls quais aquest clers va dire que si els se volesso atendre a sas paraulas, que el lor dissera una cauza merevilhoja e apenas que se pogra adonar ha entendemen, tan es laia a dire. 167. E aprop el va dire que merevilha era de Dieu Cûssi Roma no era fonduda de tôt en tôt per so quar aitais crim se era fatz aqui. 168. E ditz lor qtie aquela fenna laquai îlh tenîo per sainhta, que era ypocrita e plus malvaja de totas autras fennas, avia conceubyt de son propri filh un filh, loqual aquela ypocrita avia de sas proprias mas aussit, e per so que no fos vist lo avia gitat ella privada, 169. E qyanac dih aisso, tut lo vau repenre e dissero Ihi que no volgues blasmar ni mal dire de lal fenna que era sainhta e era temple de pieîat. 170. E pues lo pobol Ihi ditz que mainhias hlhas avio amassât riquejas de vertut, mas aquesta fenna de laquai aquest clers degia mal, n'avia plus amassât senes comparacio. 1 7 1 . E adonc lo clers o l'enemic ditz que per so el avia dih aquela paraula^ que apenas l'en poirio creire» 172. E adonc et ditz que hom jf. 5 c] la fejes venir e que Thom la examines e ditz que domentre que hom la examinarîa que hom adobes un gran fuoc ella plassa^ el quai aquela fenna fos cremada si confessava so que el degia, ho Ih'o proava. 173, E si no Ih'o podia proar, que hom lh4 gites el fuoc las mas tiguadas tras lo dos. 1 74, E aisso que aquest ditz plac al rei e die a son prebost e als autres sieus sirvens que la anesso quere e que la amenesso hon- radaraen- 1 75, E els feiro ho, e quan [la] fenna intret el palaitz, e tuh se vau levar, el rei va comandar que hom Ihi apparelhes sa sees on segues. 176. E quan se fo assetjada, e lo reî Ihi anet dire que aquel clers que era aqui la accu java, jaciaisso que lo rei ne lo crejes, empero ditz que de la accujassio mot se dolia, e aprop el Ihî ditz que ho cofesses, si fah ho avia, e que dones gloria a Dieu ho se purgues del crim empaujat con- tra ela. 177. E adonc ela, espirada de sus del cel, va respondre e va dire que aquel crims era greus, e quar lo sabi ditz que senes cosselh no deu home re far, ela va demandar cosselh e jorn a respondre al rei e als sieus sabis, el rei va Ihi donar dilatios e cosselh. 178* E adonc ela s'en anet e nos cofiet de cosselh d*ome, ans de tôt per veraia penedensa tor- nei son cors ha Jezucrist.

MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL 27

En qml maneira nostra dona venc a aquesta femna pencden de h que avia /oit f la ddiwttt del cnm dcnan loti cl dyabk s^en anet totz confus,

179» El temps que la dicha femna fo accujada del dih crim, era de

na evesque un apelai Lucianus ho Lucius> e aquesla fenna anei vas aquest evesque e anet se gitar a sos pes [agriman e claman. i8o* Ë va Uii dire tota ia ystoria denandicha, e quan se fo be fracha e sa rauba e soe cabelhs^ ela va deroandar al evesque si siria cauza que ela pogues &r en penedensa, que pogues purguar lo malvatz pecat que ela avia fah. 181, E quan Tevesque vi la compunctio d'aquesta, el se cofiet perpietat dla mizericordia de Dieu de perdonar aquest horrible pecat e de irobar remedi contra la vida que aquesta fenna avia menât. 182, E quan ac cogHat aisso en se meteihs^ el ditz ha la fenna : Pilha mia^ ajas patz. Sapias que majors es la pietat de Dieu que no es inîquitat que sia. Editz aprop que S* Peire e Sta Magdalena per plorar avio effassat e damnât ior pecatz. iS^. E pues el Ihi ditz que apeles assi if ^ d) duojamen la maire de Jesucrist denan lotas cauzas, quar ela es sola esperansa de recon- ciliatio d'arma pecairitz. 184. E ditz Ihi que el Ihi no volia mainhtas cauzas^injunger, quar avia breu teras a respondre al rei sobredih, mas que la orazo de Dieu, so es a dire lo pater noster, Ihi fos absoluûo e reme&sio del pecat. 185. E quan la fenna ac augit aisso toi, ela ac ferra coratge e levet las mas sus ai cel el cor e sa pessa ha nostra donna, laquai preguava) ploran que per sa mizericordia la delhiures de la acuja- de son aversari e de la confugio del pobûl, t86, E pueis quan venc lo jom que ihi era assignaiz a respondre, ela s'en anet ab sos familiars en con. 187. Aquesta fenna avia gran esperansa ello aititori de Dieu e grau cofiansa en nostra dona. [SS. E la maire de misericordia no Ihi de&lic paSj quar al jorn que 1ht era assignatz nostra dona fo no vîgibla- men amb ela ^ e conparec denan la cadeira de) jutge terrenal e defendei la fenna si que aquesta fenna amb tal companheira intres en jutgamen, laquai fo pel rei e pel pobol honorablamen receubuda. 189- E va se seire d roetz de totz e fo a totz mîraîlhs e dardât. 190. E adonc tut se calero e obriro las aurelhas, e adonc lo rei va dire al clers que parles si re volia dire. 191. E adonc el ditz que lo aguardamen d'aqueia fenna era mot merevilhos e ditz que aquo no era plus la fenna prumeira, ans era autra que per la gracia del s. esperit s'era cambiada.

192. E adonc tuh lo cochero si voha re dire que o disses. 193. E adonc el ditz que aquo no era pas ia fenna malvaja que avia c oc eu but de so filh c l'efan avia mort, laquai el avia accujat, an[s] era sainhta e merevi- Iboja entre las filhas del oion^ e era aquela que s'en anera pojada sus al

I. 74 est aiouté. 2. Cauiûs est ajouté en marge, j, Pngnava est ajouté. 4. Âmb dj est ajouté en marge.

28 J. ULRICH, MIRACLES DE NOTRE DAME EN PROVENÇAL

cel del dezert, etc. 194. E aprop el ditz que d'aisso dire el avia gran paor, empero calar no ho podia, pèr so quan nostra dona Ihi era decosta aquela laquai el avia accujat, que Ihi ajudava e la sostenia. 195. Eadonc tuh sels que ero aqui se vau senhar per so quar aquest clers alleguava aisso. 1 96. E adonc lo clers aquest que era diable s'en fugi coma fùms e avali, quar no poc sostener lo signe de la crotz. 197. E d'aisso tuh agro gauh e redero gracias ha nostre senhor. 198. E en aissi la dona fo delhiura onradamen per l'ajutori de nostra dona sainhta Maria.

]. Ulrich.

LAIS INÉDITS

DE TYOLET, DE GUINGAMOR, DE DOON , DU LECHEOR ET DE TYDOREL.

l'ai déjà extrait du ms. cédé par M. le comte de Seyssel-Sotbonod à la Bibliothèque Nationale, il porte acttiellement le 1 104 des Nou- veiles Aaïuisiûons du Fonds français, le Laide VÊpemer (Ram.^ VII, i) Cl le Lai d* Amours {Rom,, VU, 407). Avant de publier ce qu'il contient encore d'inédit, je vais en donner la description et ta table.

Le manuscrit est, comme je l*aî dit, de la fin du xiii^ siècle* H n'a pas de feuilles de garde au commencement ni à la fin. Il est muni d'une andenne reliure en bois couvert de cuivre et doublé de parchemin gros- sier. Dans cène reliure on a compris, outre notre manuscrit, un quaîernio extrait d'un manuscrit latin tout à fait étranger, et d'un format beaucoup plus petit ; au milieu de ce quaUrnio est insérée une feuille (deux feuil- lets! d'un manuscrit français également toul différent : je parlerai ail- leurs de celte addition. Le manuscrit en lui-même est complet, sauf une feuille. Il comprend 79 feuillets, ainsi distribués : quatre quatemions formant les fol. i-p, un quaternion dont ta feuille du milieu a été enle- vée, 5 j à 58, cinq quaiernions de 58 à 78, et un feuillet isolé, 79. Les feuillets ont en général un peu plus de 0,28 de hauteur sur un peu moins de 0,20 de largeur*, mais ils ont été certainement coupés lors de la reliure, et ils avaient à l'origine des marges sensiblement plus grandes ; en effet les réclames placées au bas de la 2 '^ colonne du verso du dernier feuillet de chaque cahier sont coupées à moitié en plus d'un endroit ; et il en est de même des indications, destinées au rubricateur, dont je par- lerai tout à l'heure. Le vélin est très ordinaire \ en plus d'un endroit, il avaii, avant qu'on ne s'en servit, des trous ou des déchirures, dont plu- sieurs ont été recousues. Le ms. ne porte aucune indication sur les personnes par qui et pour qui il a été écrit.

lik

;0 G* PARIS

Les vers sont écrits sur deux colonnes, comprenant généralement quarante vers. En tête de chacun des lais il y a une initiale peinte et dorée, accompagnée du litre du lai, écrit en rouge. Le haut de ta pre- mière colonne est occupé par une petite miniature, fort effacée aujour- d'hui, qui représente un jongleur debout jouant de la vielle devant un roi assis ; on distingue à peine un troisième personnage derrière. Les lettrines et les rubriques ont été ajoutées après coup par un autre que l*écrivain : celui-ci a indiqué, par une petite lettre dans la marge [elle n'est oubliée qu'une ou deux fois), quelle devait être llnitiale de chaque pièce, et il a écrit dans la marge inférieure, fort au-dessous de la colonne afférente, les titres des lais, que le rubricateur a reproduits en rouge. Ces titres ont souvent été enlevés par le couteau du relieur ; d'autres fois il en a laissé subsister des traces visibles ; d'autres fois enfin ils ont été conservés tout entiers. Comme le rubricateur ne les a pas toujours^ très exaaement reproduits, j'indiquerai plus bas les variantes quand il aura lieu.

Le texte s'arrête au bas de la F* colonne du verso du foh 39; la même main a écrit au bas : Expliciî les lais de Breîeigne. Différents bar- bouillages du XV*' siècle, tracés d'une encre fort pâle, se lisent au-dessous et sur la moitié restée blanche de la page ; d'autres sont sur les plats de_ la reliure.

Ce manuscrit est une collection de lais, et, si on s'en rapporte au titre (en rouge) Ci commencent les lays di Bretaigne et à Vexplidtj spécialement de lais bretons. Il ne contient en effet que des pièces portant le titre de lais, mais parmi ces pièces, plusieurs, comme les lais de VEperricr^ de l'Ombre, du Conseil ^ â' Amours ^ d^Amtoîe^ de VOiselet^ n*ont rien de breton. Les lais étant venus de Bretagne (voy. Rom.^ VII, i), toutes les imitations qu'on en fit passèrent pour des lais bretons : de le titre général de notre manuscrit. Avec le ms. hariéien 978 ' et le manuscrit qui a servi d'original au rédacteur norvégien des Strengleikar ^, c'est la troisième collection de ce genre qui nous est parvenue. C'est la plus riche des trois : elle comprend 24 pièces, tandis que le ms. harléien n'en a que 12, le recueil norvégien la vérité incomplet) que 19. Sur ces 24 pièces, 7 î ne se trouvent en français que dans notre manuscrit, d sur ces 7, trois seulement existent fn vieux norois ; encore deux de ces

1. Publié par Roquefort, avec deux autres lais tirés de niss. de Paris, dans le tome I des Poisies dt Mark de France (Paris, Maresq^ 1820).

2. StnngUikar^ eda Lodahk,.,. udgivet af R. Keyser og C. R. Unger. Christiania, iS^o,

j. - 22 [

j. J'ai dit par erreur, dans Tintroduction au Lai de tEpenkr, qu'il contenait : lais, dont B inédits. ^

LAIS INÉDITS ;i

trois sont-elles fort incomplètes dans le manuscrit unique des StrengUtkar. 1 donner la liste exacte de nos 24 laisj en indiquant la correspon- cc avec les autres manuscrits et avec les éditions imprimées*

IF^ i a\ Ci commencent Us kys de Bretaigne. Cisî est de Gnimar (rappel manque >). *Ms. Hari. 978; B. N. Fr. a 168 (anc. 7989 M. fo*- 4^- Roquefort, I, p. 48 ; Strengleikar^ I, p. 2. Le texte de Roquefort appelle le héros Gugtmtr^ en variante Guigmar ; dans les Sttîngkikar on lit Guiamar; dans notre ms, on trouve, au cours du texte, Guimor,

11. 6 h. C'est le lay de Lanvai (rappel coupé), Ms. Harl. 978; Cott. Vesp. B. xrV; B. N. Fr 2168, fol. 54. Roquefort V, p. 202 ; StrengL XVI, p. 69 (incomplet du début, parce qu'il suit le n" XV, notre XV, voy. plus bas) , Dans le texte norvégien^ le héros s'ap- pelle JanvaL

m. 10 c. C'est le lay du Desîrrê (rappel disparu). Ms. de la biblio- thèque de feu sir Th. Phillipps.— Fr. Michel, Lais inédits (Paris, 1 856], p. 5 ; StrengL VI, p. n-

IV* i î c. C'est le lay de Tyoulot (le rappel porte avec raison Tyolet). Inédit.

V. 10 tf. C'est le fay deDyonet (rappel coupé). Ms. Hari. 978; B, N. 244)2 (anc. N.'-D. 198), Roquef. Vil, 272; StrengL XVII, 74.— Ije héros se nomme Ywenec dans le texte de Roquefort, Jonet dans les Stnngkikar ; Dyonet dans notre ras. est une faute, mais elle n* appar- tient pas au rubricâteur : on la retrouve dans le texte, à cété des formes Yonet et Yomct.

VL 3| t. C'est te lay de Gaingamor (rappel conforme), Inédit.

VIL 27 c. C'est le lay de l'Es fine (rappel coupé, mais suffisamment visible» et conforme). Ms. B, N. Fr. 1^55 (anc. 7595), foL48û. Roquef. XIVj 542,

VïlL \o d, CUst le lay de VEspervier (rappel coupé]. Romania, VII, ï .

IX. p k C'est le lay du Chievrefueil (rappel coupé). Hari. 978* Roquef. XI, 388; Michel, Tristan, t. Il, p. 141; Bartsch, ChresLfrj^ 2J7; StrengLXlU, 6j.

X. îî tf. C'est le lay de Doon (rappel disparu), Inédit. StrengL IX, ji.

XL î4 d. C^est le lay des .//. Amanz (rappel disparu). ~~ Harl. 978. Roquef. VI, 152 ; StrengL X, 54. Ce lai est incomplet dans notre

1 . Chique page ayant deux colonnes, le fol. en a quatre, que je marque û b c d.

2. Atî-dcssous de chaque titre en rouge doit se trouver le rûpptl ou Tindica- lion en noir, écrite par le scribe du texte (voy. ci*dessus). Quand ce rappel est oonservé, le Tindique j quand les traces en sont visibles^ je mets rappel coupt ; qoand il n en reste rien, rappel disparu.

)2 G. PARIS

manuscrit, par suite de la perte de la feuille interne du quatemion (voy. ci-dessus); il s'arrête, à la fin du fol. 35, avec le y. 157 de Roquefort.

XII. Les deux feuillets manquants étant cotés 35 bis et 35 ter^ le lai de Bisciint devait commencer au haut de i$ bis b. Il rejoint, au fol. ^6 a, le texte de Roquefort au v. 2j}. Harl. 978. Roquef. IV, 178 ; StrengL IV, jo. Le nom du lai est dans Roquefort Bis- cloyarel, ici et dans la traduction norvégienne BiscUret.

XIII. j6 c. Cest le lay de Milon (rappel coupé). Harl. 978. Roquef. IX, i2i\ StrengL XII, 61.

XIV. î9 d. Cest le lay du Fresne (rappel disparu). Harl. 978; ms. d'Edimbourg (d'après Roquefort, p. 139, note). Roquef. III, i}8; StrengL II, 15.

XV. n a. Cest le lay don Lecheor (rappel Ce est le L del /.). Inédit. StrengL XV, 68, s'arrête après les premiers vers de notre texte, le feuillet qui contenait la suite ayant été enlevé, ce qui a entraîné la perte du commencement du lai de Lanval; cf. ci-dessus, n<> II.

XVI. d, Cest le lay d*Aquitan (rappel Ce est). Harl. 978. Roquef. II, 114; StrengL III, 2}. Le texte de Roquefort et la version norvégienne ont Equitan,

XVII. 4$ d, Cest le lay de Tydorel (rappel coupé). Inédit. —StrengL VU, 48 ; s'arrête au v. 57 de notre texte, par suite de la perte de deux feuillets à cet endroit du ms. norvégien. -— Le nom du héros est écrit Tidorel dans les Strengleikar.

XVIII. 48 d, Cest le lay du Cort Mantel (rappel disparu). Ms. B. N. Fr. )H (anc. 6973), f* 42; 837 (anc. 7218), f»27;i59î(anc. 7615), m; Berne, 554. Wolf, Ueber die Lais (Heidelberg, 1841), p. 342 ; Cederschiœld et Wulff, Versions nordiques du Mantel mautailli (Lund, 1878); cf. Rom, VII, 159.

XIX. 54 f. C*est le lay de l'Ombre (rappel coupé). Ms. B. N. Fr. 8^7, P' 40; 1 59}. Michel, Lais inédits, p. 125.

XX. 01 d, Cest le lay du Conseill (rappel Li lay s du Conseil). B. N. Fr. 8}7, f* n; ï593> f* ^33; 1915^ (anc. S. Germ. 1239'), Barroîs, etc. Michel, Lais inédits^ p. 83.

XXL 0(» h. Cest le lay d'Amours (rappel disparu). Roman. VII, 407.

XXII. 00 t\ Cest le lay d'Aristote (rappel Li lays). Ms. B. N. Fr. Ht 7. h9î, 19152 (anc. S.-Gernj. 1239). Barbazan-Méon,FaWiattx H (\>mrx, m, 96. Cf. Romania, I, 192.

XXIII. 7a /», Cest le lay de Graalant (rappel disparu). B. N. Fr.

I. Et noa S. •Germ. 1830, comme on Ta souvent dit par erreur. Voy. Rev. crû. 1869, t. I, p. 316, note.

LAfS INÉDITS ))

ti68, fel. 65 (anc. 7989")* Barbazan, Fabliaux et Contes, IV, 147; Hoquef. XIH, 486. Un fragment de traduaion norvégienne se trouve dans l'Appendice des StrengUikar, p. 89.

77 b, Cuî le lay di VOiseleî (rappel Le lay). Ms. B. N. Fr, 8}7, fr 45* Barbazan, FabliaaXy 1, 1 14. flicit les lays de Bretagne,

Les manuscriis qui coniienneni des lais sont, comme on le voit, assez peu nombreux, et il ne serait pas difficile de réunir tous les éléments d'une édition aussi bonne que nos ressources nous le permettent. Cette édition, qui comprendrait, outre les collections de Roquefort et de M, Michel, les lais qui ont été publiés isolément, les pièces propres à notre manuscrit, la traduaion exacte des lais qui ne nous sont parvenus que dans la version islandaise, et l'indication de tous ceux qui, sans nous être parvenus, sont mentionnés dans la littérature du moyen âge, j*ai Pintention de la proposer un de ces jours à la Sùciéîé des anciens textes jtançah. Elle sera naturellement précédée d'une introduction étendue, peitamtnerai toutes les questions qui se rattachent aux lais, soit pour le fond soit pour la forme. Je ne veux toucher ici que deux points, sur les- quels les morceaux inédits du ms. fr. N. Acq. 1 104 apportent quelques lumières nouvelles. Il s'agit de la signification du moi lai et de Torigine des pièces qui portent ce nom. Le caractère musical et la provenance celtique des lais ont été fort bien reconnus par Wolf dans son livre si instructif Ueher die Lais^ Seqnenzen und Leiche ; mais je pense quil s*est trop éloigné de son point de départ en disant que lai avait fini par prendre le sens général de chant populaire. Les lais sont l'explication en français du sujet de mélodies que chantaient et jouaient, sur la rote, U harpe et aussi sur la vielle et la flûte (voy. Wolf, Veber die Lais, p* 5 55.;, des jongleurs « bretons n et, à leur imitation, des jongleurs français et anglais. La forme de ces lais narratife (qu'il ne faut pas con- fondre avec les lais purement lyriques) est toujours le vers de huit syllabes rimant par paires (un seul, le Lai du Corn, offre des vers de six syllabes) Cette fomie ne paraît guère s'accommoder au chant ; cependant Roque- fort a déjà remarqué que le lai de Graeleni, dans le ms. B. N. Fr, 7989* (ao). 2168), présente une portée de musique (elle n'a pas été notée) au-dessous du premier vers de chaque paragraphe. Il est donc possible qu'on ait essayé, par souvenir de leur origine musicale, de chanter quel- ques-ans de nos lais narratifs; mais en général il n'en dut pas être ainsi, et en tout cas la mélodie qu'on leur adaptait ne devait ressembler en rien à la mélodie bretonne originale.

Que les lais fussent originairement celtiques, c'est ce qu*aitestent mille circonstances, notamment îe§ noms de lieux et de personnages. Il itQmaai4,vnt ?

^4 C* PARIS

esi plus difficile de savoir s'ils ont pour pairie la Bretagne française ou le pays de Galles. L*emploi des mots breton et Bretagne semble assez flottant au xiï* siècle, et ce n'est pas seulement sur la question des lais que cette confusion jette de l'obscurité. Dans les bis de Marie, en ne comprenant provisoirement sous ce nom que les douze premiers de ceux qu*a publiés Roquefort (voyez Mail, De Mar, Franc. ^ p. 56), il semble qu'il y ait contradiction. Le lai de Gugeraer se passe en Bretagne, et ce doit être la Bretagne française, puisqu'il s'agit de Léon [Lions, v. 92) ; cependant, d'après le v. 29, En al îens tint Artus la terre. Mais le ms. harléien donne (diaprés Roquefort) au lieu d'Artus TroilaSy noire ms. a Hoilas, la traduction noroise jp. i] porte Odei^ et il faut certaineinent lire Hoth ou Hoiaas^ roi de Bretagne célèbre dans la tradition. Je ne sais ce que sont les Nans dont Equitan était roi [v. 12); le norv. le fait régner à Namsborg; son histoire fut mise en lai par les Brtims de Bretaigne (v. 2). Dans le lai de Lanval il s'agit bien d'Artus, qui réside à Cardueil en Galles (Carlisle) et guerroie contre ks Escos et Us Pis (v. 7Î, et cependant Ce nus recuntenî ti Breton [v. 6^4] et En bretons (L breîans] Papelent Lanvat (v. 4), La légende des Deux Amants a la Normandie pour théâtre et elle n'y est pas encore oubliée : certainement ici les Bretons qui en firent un lai (v. 5) étaient de France, et non d'Angleterre* Le lai û'Ywenec présente quelques difficultés. On ne peut guère méconnaître dans Caerwent jv. 125! la ville actuelle du même nom, l*ancienne Venta Silurum, située non loin de Caerleon, sur la Wie ; cependant il semble résulter du v. 1 5 : La cité si est sor DugiaSy que Caerwent était sur une rivière appelée Duglas. Notre ms, lit autre- ment les vers 12 ei 15 : De Carnot estoit avouez La cité fu suer

dualas, mais cette leçon dénuée de sens est visiblement inférieure à celle de Roquefort. La bonne leçon semblerait être : La cité siet sor Dualas, La traduction noroise omet ce passage embarrassant, mais met la scène en Cornouailles, ce qui paraît peu justifié. Une rivière de Duglas est mentionnée dans Nenntus comme le théâtre de trois victoires d'Arthur, u in regione Lînuis, « On a voulu la reconnaître dans un cours d'eau du même nom dans le Lancashire ; mais c'est bien loin de Caerwent. Le Laustic a pour théâtre Saint Maiio^ et il est bien pro- bable que c'est le Saint-Malo actuel : Un lai m firent ii Bretun, Milon était de Suthwales (v. 9), mais le dénouemeni de son aventure a lieu au Mont Saint-Michel, à un tournoi il y avait des Normands, des Bre- tons, des Français, des Flamands et fort peu d'Anglais (v. ^90). L'hé- roine du lai du Chaitivel demeurait en Breiainea Nantes (v. 9). L'épisode des amours de Tristan et d^iseut qui a fourni le sujet du Chevrefued se passe en Angleterre, et le nom du chèvrefeuille est traduit en anglais; le lai original est attribué à Tristan lui-même : le mot breton n*est pas pro-

LAIS fNÉDlTS J{

ncé* EUduc est un Breton de France : il passe la mer pour aller en Angleterre (v* 87). Les autres lais publiés jusqu'à présent offrent des indications du même genre : une des pîus intéressantes se trouve dans le Lai ai rEspine, D'après i'auieur de ce morceau, qui n'est certaine- ment pas Guillaume le Normand (voy. Mali, I. l; Martin, Besanî de ÛieUy p, xliji , les avemures qui sont le sujet des lais ne sont pas des inventions : Nés ai pas dites sans garant : Les esîores en trai avani^ Ki encor sont a Carlion, Enz et mosîier saint Aaron, Et en Bretaigne sont seaes Et inpluisors lias conneues K Et à la fin il ajoute : De Paventare que dite ai Li Breton en firent un lai ; Por ce que il avint au gué En ont H Breton égarai Que li lais ne recevroit non De rien se de VEspine non ; Ne l*onî pas Enfant nomi, Ainz Vont de VEspine apeté. Si a non li lais de t*Espine^, lioQ, si souvent cité dans les romans arthunens et déjà dans Nen- est Caerleon dans le pays de Galles, l'ancienne Jsca Silurumu nt Aaron, qu'il ne faut pas confondre avec l'ermite du même nom Déré à Saint-Malo, n'est pas mentionné par les Bollandistes ; c'était 'pounant le saint local et le patron de Caerleon : on lit dans le onzième Mnéraire de Richard de Cirencester : Isca, unde fuit Aaron martyr^. Le vers Et en Bretaigne sont seues implique-t-il que le pays de Galles s'ap- pcUc Bretagne, ou le contraire? La question n'est pas douteuse pour le lâidit Prison ou d^Ignaure : Franchois, Poitevin et Breton Uapeknt le ki itl Prison ; le rapprochement de ces trois noms indique bien que nous avons à faire aux Bretons de France. Il est curieux, si Breton dans ces passages et autres semblables peut être synonyme de Gahis^ qu^on ne rencontre jamais ce mot à la place du premier : au moins je n'en connais qu'un exemple, dans un passage du Tristan de Gotfrid de Strasbourg qu*a cité Wolf : dans ce passage, fan précieux pour la con- naissance du mode d'exécution des lais, il s'agit des lais que Tristan fait entendre à la cour du père d'Iseut : Er sanc diu kkhnotdln Briîûnsche nnd gâtoise^ Latînsche und franzoise î ; mais la présence même des deux mots bfitànsche et gàloise semble indiquer qu'ils ne sont pas synonymes. Un autre passage à noter se trouve dans le lai de VEspine ; il contient la mention d'un lai qui ne nous est point arrivé ^ et qui est exécuté par un

1 . Roquefort, p. ^42, f" 27 c de notre manuscrit. Roquefort lit Ens k mostitr. Les deux vers suivants sont ainsi dans notre ms. : El en Bniégm conneues^ Et m ptuseurs kas sont nuts,

2. Roquefort, p, 580, f«» }0 à de notre ms.; j'ai suivi la leçon de notre ms., slle de Hoquelûrt étant inintellieible.

j. Chcster porte aussi en gallois le nom de Cûcrkïon; mais la mention de saint Aaron lève tous les doutes en faveur de la ville du Monmouthshire.

tel". Galfr. Monem.^ iX, 1 j. Glraud de Barri {hïmr, Kambr, 1, 5) parle de Ile église que saint Aaron avait â Caerleon. Trlslûn^ éd, Bcchstein, v, 5624-27, 6. Le lui d'Aths^ publié par Wolf, p, 477, d*après le ms. de la B- N. 1261 j,

i, rMS

^ ^ ^ rrvr^ /j4£/tt Qîf^ «'w /ro/i w/ze en sa rote ;

^^^ "~ \. ^- 3^ _- La conclusion à tirer de tous ces

^ ^^ "' ^ ^•— -rr» « ne veux pas exposer ici semble

"^'' ^-::^ Tïjaaius dans la Bretagne française et

"^ '^' ----«.^ct x-aiTcains; que cependant ils n'étaient pas

- ~ '''^ ' * \ ^ rules* plusieurs plaçaient la scène des -■'*' ^ li=^ i: sm qu'ils étaient connus en Irlande et -*^-"'* ""^ -icias. IJ question de savoir si le mot Breton

-' •"' *'■"'' ^[|^ -rjff-.«: Œ ce qui concerne le mot Bretagne^ -^ -^ -^ ""■ '^ *■ ^--rait que Bretagne s'est dit à la fois pour

'-'^ ~ ^ -.Z at ,25: iKS inédits que je publie, se rapporte aux "^ '■* -Itîîçr^ *^ abordées, celle de la nature des lais

-^'■'^ "* «r^t "Uï 1*^ narratifs en rimes plates fussent

*" ^! JT^-- ssa»îC de pièces musicales célèbres, jouées et "' -^-r^ -«5 « qu^ ^^^^^ ^^i^ élàhW par beaucoup de

' ■* "^ ^ ' .^1 •3:.jcç de ceux que je vais indiquer. Le lai

••' " "*" \ " -^^^j^ c£St lai sévent plusor; N'i a gueres bon

■""■ "^'" """ „, -^^-r^; Mes je vos voit dire et conter ^aventure

^5- ^ rvv«. Ainsi tout le monde connaissait les

~ .* ffjssOJe du Lxi Doon; tout bon harpeur se piquait

--^ >«^--^' - ^^^^^ :<rs»ne ne savait quel en était le sujet. A la

- •' " ■^'^ " , î;: Km destrier Et de la dame quUl ama

" ,^..7. '>^ ji c'om apele Doon. Le lai du Lecheor^ "^ .**^c<^* curieux, nous raconte comment se faisaient .^ ^.. iv^x- - j- î^jtions » : chevaliers et dames se réunis-

^ ^^ .^ --> - ^ " ^^^ -icontait les « aventures » de Tannée, et la _ . -'^ ^ J.\.ïj5sie sujet d'un lai, qui, approuvé par l'assem- ^ •-*'" ^''^^ " . s'^^c -vutout : Car cil qui savaient de note (== de >--' ^ ^*»«>*^*" * ^ ^^^ ^^ ^^ jQl^ fQY^ ^^ [^ f^j^jr^ /g portaient Es

--v^*^ " * . , ' -s "uis de Tyolety de Guingamor et de Tydorel

-* * ■*"*^ . ]^ Je particulièrement intéressant. -^^-* ^* "* * ^ \^Y^-îae, nous trouvons aussi dans nos lais des indi- ,>^ i. xHv^"^"*^ -^ ^^^^ jg fy^igi Ç5I gn Bretagne, Qui Engleterre ■^.^-"^ •^^'*^'^^'*' ' ^'Xrtur. D'après l'auteur les clercs de la cour

^ ^•:. ^>4» «^ ^ "'

- X *4t un^ composition lyrique qui suit peut-être la mélodie

^ >sii.«.'- * , ^"Vrfiu 'i'- *'**"♦"*' /^^' cantam Aaliz, publié également par

. y iw'. *' ^ ua «$. Anglais, a cependant une tout autre construction

'■'■••' ,. .-^«.s- i^ 5^i,|rt m$. de préférence à celle de Roquefort, visible-

: ^ >- ■* '^'^**;r«e i* garde d'Aieliz ; notre ms. lit dcalis, ^., ,. s -'^*^'^iL is. même le début du lai de Tyolet : Jadis au tens .>,* '^*t *■ \ttJViiinf gonrna^ Qui EngUterrc est (ms. crt) apeUc.

LAIS INÉDITS ^7

d*Âfl\ïT recueillaient toutes les aventures notables qui étaient racontées à la cour : Mises estoienî en latin Et en escrit^ em parchemin ^ Por ce ^luUncor td Uns seroit Que l'en voknîiers les orroii. Or sont dites et racontées, Dt tiitin en romanz trovées : Bretons en firent lais plasors^ Si con aient nos ûJtcissors* Un en firent que je dirai Selonc le conte que je sai. Il s*agit sans doute ici du même recueil d'aventures que l*auteur du lai de VEspine prétend exister à Carlion : il faut remarquer en ce cas les tt Bretons » qui font leurs lais sur ces matières purement galîoises. L'aventure de Guiitgainor se passe en Bretagne, et Un lai en firent li Breton : nous restons dans le vague. Au contraire, dans le lai de Doon, nous trou- vons nettement indiquées trois contrées celtiques, TEcosse, TAngleterre ei TArmorique, L'héroïne demeure à Edimbourg ' , le héros En Bretaingne dda la mer^ ; il traverse TAngleterre après avoir débarqué à Hantone ; enfin il retrouve son fils Au mont saint Michiel en Bretaingne^ au milieu des « Bretons j), qui encore ici sont bien ceux de France. Les che- valiers et les dames qui s'assemblent chaque année pour composer un bi^ d'après le lai du Lecheor, se réunissent à Saint Panteîion ; je ne puis dire se trouve, soit en Bretagne, soit en Galles, une localité de ce nom '* Le roi de Bretagne, mari de la mère de Tidorel, séjourne à Nantes ; c'est à Nantes aussi que Tidorel règne après lui ; le lac qui tient une si grande place dans le récit pourrait bien être le lac de Grand- lieu.

En résumé, par la précision des indications qu'ils contiennent sur leur origine musicale el par l'ambiguïté des renseignements qu'ils donnent sur leur patrie, ^ Bretagne ou Galles, nos cinq lais inédits sont par- faitement semblables ù ceux qu'on connaissait déjà et se montrent comme évidemment sortis du même roiheu.

Faut-il les attribuer à Marie de France ? La question ne saurait être résolue que par un examen approfondi de tous les lais, parla détermina- lion des caractères linguistiques et littéraires de ceux qui lui appartien- nent indubitablement, et par l'examen subséquent de ceux qu'on peut être tenté de lui attribuer. Je n'aborderai pas ici ces recherches, qui auraient besoin de prendre d'abord pour base l'édition critique des fables

i. Le ms. a ici une mauvaise leçon : Des Dûnthort qui est au non, et plus lotQ encore t! appelle la ville Dancborc ; mais h traduction norvégienne nomme eipressément hiknburg en Ecosse (Strcngîfikar, p, 51). La preuve est d'ailleurs donnée par les vers 15-16 de notre lii, qui prétendent nous expliquer pourquoi Edimbourg s'appelait anciennement le Châkm des PucelUs ; or c est bien là. le nom ancien attribué à la capitale de l'Ecosse par Gaufrei de Monmouth et d'autres (voy. Martin, Fcrgus, p. xixK

2. Ce lai a donc été compose en Grande-Bretagne.

3. La version norvégienne, visiblement altérée ici, a supprimé ce nom ; elle place la scène en Cornouailtes.

[ «Qdan!ent une remarque à it certainement reculer plus imjk est du XII* non du ^ ^ SÉmnd^ Denis Pyramus, qui fm. p^ lui-même, si je ne me . T'f siède ' ; enfin le reciieil . se% lais sont traduits, est - - 1 26 5 1 ï et il faut nécessaire- z i t^ue de la eompositioti des . Il est vrai que le passage ■^ décisif en sens contraire : viliatime, u qui fut [adis comte t^ i ciuse de ses qualités extraor- I prologue î : Et pour çoa dùu ^^— sm Marie Qui pour lui traita ^m ÙÊmpittï^j comte de Flandres, 1^ ^ $1 ans au plus (voy. Mail, -* .-seJques années précédentes que . Côarortnemenî, aurait composé kbku (ou YsopH) dit qu'elles 'jumi. Le plus Millant de tm P parente du témoigriage de ; V iiîiacher aucune imponance. ,:îgleterre, et cesî rmaame ne peut k royaume ou je suis] ; donc le ^ _ > de Plandres. L*auîeur du Hemrî ^ ^^lucrit des fables de Marie, se * Jecôisit Guillaume dont elle parle -non jeune en laissant un brillant iinvoy. Mail, p. 49), et il a été , i signalé dans son épilogue et quHl >n r^ruiecteur, les fables de Marie à la .iis il ne faut pas oublier qu 'il écri- uiliaurae [Qui jadis fu conte de .-1^ ement une erreur d'attribution

p. j) est porté i le placer vers le ^^ ;tfûp le reculer. ,:ii* Ce passage 3 été ordinatrement mal ^jjcrt fii*il ait travaillé pour GuiFlaume, m ^^ qualité Okmme propres à l'ancitû temps, on ne rencontre plus de âembiables

N

I

»

LAIS INÉDITS ^9

comme les critiques de nos jours en commettent souvent. Mais la coKnd- dcnce avec le prologue d'Isopet a paru tellement forte, que, sauf Roihe, qui se tire bien mal d'embarras eninterprétampur lui par « pour un homme td que lui », tous les critiques, et dans ces derniers temps, VHuîoire littéraire (XXI Jf, 62), Reiffenberg, Hertz {Marie de France, p. xij), M, Mail , et moi-même en rendant compte de son opuscule * , ont admis que les fables avaient été dédiées au comte de Flandres jqiti iut en Egypte le compagnon de saint Louis et de Joinvîlle. Il est impossible, quand on les lit avec soin, qu'on ne rejette pas une pareille erreur, et M* Mail lui-même, si je ne me trompe, en est tout à fait re?eiia *. Si on se méfiait des preuves internes, je crois que l'examen d'un des ouvrages de Marie, i^ Espar gatoire saint Patrice, pourrait fournir des preuves externes ; mais je laisse le soin d'établir et de préciser tout cela au savant éditeur du Comput, qui fera certainement précéder son édition àt% fables de Marie d'une nouvelle étude sur sa vie et ses œuvres. Je n'ajouterai qu'un mot à propos de Marie ; c'est qu'on ne peut songer à lui attribuer, quelle que soit Topinion qu*on ait sur les autres pièces que je publie, le Lai âa Lecheor. Quoique sa morale ne soit pas rigoriste et qu'elle pardonne beaucoup à l'amour, Marie n'a jamais dégradé sa plume par des expressions ou même par des peintures déstionnêtes. Aucune femme, à coup sûr, n'imaginerait ou ne répéterait la cynique profession de foi que les demoiselles et les dames de Bretagne, d'après Tauteur du lai, n'approuvent pas moins que les chevaliers ; mais^ eùt-elle été capable de s*amuser de pareilles facéties, Marie, moins que toute autre, les aurait exprimées avec la crudité de notre lai. Je le remarque pour signa- ler le sens, à mon avis évident, et que cependant personne ne parait lYoir saisi, de quelques vers qui se trouvent dans le prologue des fables: A moi..... N^avmist noient a retraire Plusors paroles quii sunt; Mais..,. Quant tels hom m*en a requise, Ne voillessier en nule guise Que nH mete travail e peine ^ Ki (éd. Or] ke m* en tiegnc pur vileine. Il y a en effet dans Romulus, que Marie a mis en vers, quelques contes assez grossiers ; 3 lai répugnait de les traduire, et elle s'excuse de l'avoir fait pour obéir à son haut patron : assurément elle n'aurait pas de gaieté de cœur noié la vilaine boutade du Lecheor,

Un mot encore sur le système dans lequel j'ai publié ces lais. Le ma- nuscrit offre évidemment une langue qui diffère, et comme date et comme

1. Ra. Crit., 1867. art. 151.

2. Le roi auquel les lais sont dédiés tj' étant pas Henri !II, et ne pouvant gnère être, comme l'a montré M, Mail, n\ Richara ni Jean, est donc Henri II, ce qui convient tout i fait et place avant 1 1S9 la rédaction de ce recueil.

40 C, PARIS

dialecte, de celle dans laquelle ils ont été composés. Dans une édition critique qui s'appuiera sur une investigation philologique préalable, on pourra essayer de les ramener à leur forme primitive. Je ne Tai pas tenté ici ; je les ai publiés d'après le manuscrit, que j*ai pu apprécier en le comparant, pour les lais qu'il a en commun avec d'autres, aux ver- sions imprimées : il résulte de cette comparaison que nous avons un texte assez bon, quoique rajeuni, modifié en plusieurs points, parfois défiguré» mais qui en somme n'est pas trop éloigné de roriginal. Il a Tavaniage d'être généralement intelligible, ce qui, souvent, il est vrai, indique des remaniements plutôt qu'une fidélité scrupuleuse. Je me suis borné à corriger les fautes évidentes contre la langue, la mesure ou le sens.

TYOLET.

Celai, fort intéressant et complètement inconnu jusqu'ici, se divise en deux parties distinctes. La première, est décrite l'éducation sau- vage de Tyolet et sa surprise à la rencontre d'un chevalier, ressemble d*une manière frappante au début du Conte del Graai de Crestien. Per- ceval, comme Tyolet, est le fils de la veuve de la forêt ; comme lui, il est élevé par sa mère dans l'ignorance de la chevalerie et ne connaît d'autre plaisir que la chasse; comme lui il rencontre des chevaliers, demande le nom et l'usage de chaque pièce de leur armure, apprend d'eux que c'est à la cour d'Artur qu'on est armé chevalier, se résout à y aller, et reçoit en partant de sa mère, désolée de le voir partir, des armes et des conseils (ces derniers n'ont d'ailleurs dans le lai aucune conséquence! ; enfin Perceval et Tyolet entrent à cheval dans la salle du palais d'Ariur. A ces éléments communs notre lai joint des éléments particuliers d'un caractère fantastique assez vague : on ne sait comment une fée avait fait à Tyolet ce don merveilleux d'attirer les animaux sau- vages en sifflant, ni ce que veut dire cette métamorphose d*un cerf en chevalier. Comme dans la plupart des lais bretons, nous trouvons ici les débris de vieilles traditions effacées et mal comprises. Tout est beaucoup plus simple et plus clair dans Crestien ; cela ne veut pas dire que tout soit plus ancien. Il est inadmissible que notre lai provienne du Conîe dcl Graai; faut-il croire que c'est Crestien qui l'a connu et utilisé? Il est plus probable, pour bien des raisons que je ne veux pas exposer ici, que les deux poètes ont puisé à une source commune. Il faut seulement reconnaître que cet épisode, dans sa partie la plus intéressante, ne peut

LAÎS INEDITS 41

remonter à une grande antiquité : la description de l'armement des che- valiers, Pimporiance même donnée à la chevalerie indiquent que le récit n'est pas antérieur au xii' siècle. Mais il n'est sans doute que la modifi- cation d'un conte antérieur les éléments récents n'étaient pas intro- duits. Dans !e poème de Crestien, l'éducation solitaire et l^lgnorance de Perceval ne sont pas sans rapport avec la suite de ses aventures, et le développement de sa biographie poétique se passerait difficilement de ce début, ce qui n'empêche pas que Crestien a fort bien pu l'emprunter à une autre source que la suite de son récit. Dans notre lai, on ne voit pas de lien nécessaire entre la première et la seconde partie : Taventure qui fait le sujet de celle-ci pourrait aussi bien arriver à tout autre qu'à Tyolet. Les deux parties sont cependant rattachées par une circonstance matérielle, l'emploi que fait Tyolet de son don merveilleux pour appe- ler à lui le blanc cerf* Cela porterait à croire que les deux parties ont été anciennement soudées l'une à l'autre.

Cette deuxième partie est proprement une des nombreuses variantes du conte si répandu du tueur de dragon, auquel un imposteur prétend enlever l'honneur de sa victoire (voy. les n"* V ei XXXVIl des contes lorrains publiés ici par M. Cosquin, avec ses remarques). Une forme celtique plus ancienne de ce conte a été insérée dans l'histoire de Tristan. Ici ie dragon est remplacé par sept lions, sa langue par le pied du blanc cerf; l'imposteur pousse la perfidie plus loin que dans aucune autre variante (au moins n'en connais-je pas il essaie, comme dans notre lai, de tuer le héros) ; le rôle du « blanc brachet n pourrait bien être un reste presque effacé du rôle des trois chiens merveilleux dans plusieurs contes de ce genre \voy. Cosquin, n" XXXVIl). H est clair, par la £»çon dont se présente à la cour la fille du roi de Logres, que cet épisode a été ranaché indûment à Anur. Dans lous les autres contes, la prin- cesse que le héros épouse après avoir tué le monstre est la fille du roi régnant dans le pays même. L'introduction du récit dans le cycle d'Ariur a amené les noms de Lodoer et de Gauvain, chevaliers connus de la

Table Ronde ; le dernier montre ici ta courtoisie et 4a loyauté qui lui

dQi toujours attribuées.

Cest le tay de Tyolet. r adis au tens qu'Artur régna, Que il Bretaingne govema ui Engleterre est apelée, ont n'estoit mie si puplée Conme elc orc est, ce m'est avis ; 5

Mes Artur, qui ert de grant pris,

Avoit 0 lui tex chevaliers

Qui molt éreni hardiz et fiers :

Encor en i a il assez

Qui molt sont preuz et alosez, 10

Mes ne sont pas de la manière

I erl ç pHniicr est man^m

^^^^H

PARIS "

^^^^H Qu'il estoient du tens ariére.

De dis tiues meson n*avoii.

^H

^^^^^1 Que li chevalier plus poissant.

Mort ert ben ot passé quinze anz ;

;î? j

^^^^H Li miedre, li plus despendant,

Et Tyolet fu biaus et granz,

^^^^^1 Soioient molt par nuit errer ^ t ;

Mes onqoes chevalier armé

^H

^^^^^H Aventures querre et trover.

N*ot veu en tôt son aé,

^H

^^^HV Bt par Jor ensement erroient

Ne autres genz gueres sovenl

^H

^^^f Que il escuier nen avoîent,

N'ot il pas veu ensement

<^o 1

^^^^^H Si erroient si toute jor

El bois 0 sa mère manoit.

^J

^^^^^1 Ne trovassent meson ne tor, 20

Onques jor fors issu n'avoît :

^H

^^^^H Ou dui ou troi par aventure,

En la forez ot sejomé,

^H

^^^^^H Et ensement par nuit oscure

Car sa mère l'oi molt amé.

^H

^^^^H Aventures bêles trovoîent,

Dont i ala quant li plesoit,

6f^l

^^^^^ Qu 'il disoient et racontoieni ;

Nul autre mestier ne faisoii :

^™

^^^^^ A la cort érent racontées 2 5

Quant les bestes sifler l'ooient,

^J

^^^^H Si corne eles érent trovées ;

Toi erranment a li venoîent :

^H

^^^^^m Li preude clerc qui donc estoient

De teus que il voïoii tuoit

^^

^^^^H Totes escrire les fesoient :

Et a sa mère les portoit ;

70^1

^ Mises estoient en iatîn

De ce vivoit lui et sa mère;

^^^^^^ El en escrit em parchemin, }o

Et il n'avoit ne suer ne frère.

^^H

^^^^^^H Por ce qu'encor tel tens seroit

La dame mok vaillanz estoit,

1

^^^^^^ Q^^ ^'cn volentiers les orroit.

Et leaument se contenoît.

1

^^^^^ Or sont dites et racontées,

A son filz un jor demanda

7J J

^^^^H De latin en romanî trovées ;

Bonement, car forment Tama,

^^^^H Bretons en firent lais plusors, } 5

El bois alast, un cerf preist;

^1

^^^^H Si con dient nos ancessors.

Et il son conmandement fist :

^Hii

^^^^H Un en firent que vos dirai,

El bois hastivement ala

^1

^^^^H Selonc le conte que je sai,

Si con sa mère conmanda.

80 1

^^^^^H D'un vallet bel et engingnos,

Desqu'a tierce a el bois aie ;

J

^^^^^ Hardi et fier et coragos. 40

Beste ne cerf n*i a trouvé.

,^^H

^^H Tyolei estoit a pelez :

A soi molt corrouciez estoii

'^H

^^H^ De bestes prendre sot assez^

De ce que beste ne trouvoit ;

1

^^^^^ Que par son siffler les prenoit,

Droit vers meson s'en volt aler,

^5 1

^^^^H Totes les bestes qu'il voloit ;

Quant sûz un arbre vit ester

1

^^^^1 Une fée ce 45

Un cerf qui ert et granl et gras

1

^^^^H_ Et a sîfler li enseigna :

Et il sifla en es le pas ;

^j

^^^^^P Dex onc nule beste ne fist

Li cers l'oi, si regarda >

^H

^^^^^ Qu'il a son sifler ne preist.

Ne Tatendi, ainz s'en ala i

90^1

^^^^^ Une dame sa mère estoit

Le petit pas du bois issi»

J

^^^^^H Qui en un bois adès manoit : 50

Et Tyolet tant le sévi

^fl

^^^^^H Un chevalier ot a seîgnor,

Qu'a une eve Va droit mené ;

^1.

^^^^H Qui inest ilec et nuit et jor ;

Le cerf s'en est outre passé*

^H'I

^^^^H Tôt seul en la forest manoit,

L*eve estoit grant et ravineuse

^^ 1

^^^^^H 39 Du 4) siffle ^ 47 onques ^

48 sine |( est 69 cens qui!

1

LAIS 1

4Î^^^^^^H

^m £t lée et longue et périlleuse

Ou conversoit et dont venoit. ^^M

^1 Li cers outre Vevt passa^

u Par foi, j> fet il, «( jel te dirai, ^^M

^1 Et Tyolet se regarda

Que ja mot ne t*en mentirai : 1 40 ^^H

^^^ Triés soi, si vit venir errant

C'est une beste molt cremue, ^^|

^^^BUncbevrei cras et lonc et grant

.100

Autres bestes prent et menjue^ ^^H

^^^ Arestui soi et si sifla,

El buts converse molt souvent, ^^H

^H Et li chevreus vers lui ala :

Et a plaînne terre ensement. » ^^H

^m Sa main tendi, illec Tocist,

<( Par foi , » fet il , « merveilles oi . 1 4 $ ^^|

^m Son costel irest, el cors li mist-

Car onques, puis que aler soi ^^H

^M Endementres qu'il Tescorcha^

105

Et que par bois pris a aler, ^^M

^^^£t 11 cers se tranfigura

Ainz tel beste ne poi trover. ^^M

^^^PQuI outre Teve s'estolt mis

Si connois je ors et lions, ^^H Et totes autres venoisons ; 1 jo ^^H N'a beste el bois que ne connoisse ^^M

^M Et Qfi chevalier resembloît :

^M Tôt armé sor Peve s'estoit

1 10

Et que ne preigne sanz angoisse, ^^H

^^^^Sor un cheval detriés corné,

Ne mes vos que ne connois mie. ^^H

^^VS'estoit corn chevalier armé.

Molt resemblez beste hardie. ^^M

^M Le vallet i'a aparceu,

Or me dites, chevalier beste, t $ ; ^^H

^M Oitquej mes tel n^avoit veu :

Que est ice sor vostre teste ? ^^M

^M A merveilles l'a esgardé

115

Et qu'est ice qu'au col vos peni? ^^H

^M Et longuement Ta avisé ;

Roge est et si reluist forment. » ^^M

^M De tel chose se merveilloit

« Par foi, )> fet il^ « jel te dirai, ^^H

^M Que onques mes veu n'avoit.

Que ja de mot n'en mentirai : 160 ^^M

H Enteiîtivement l'avisa :

C'est une coiffe, hiaume a non, ^^H

^M Li chevaliers Taresonna,

120

Si est d'acier tout environ ; ^^|

^M A lui parla premièrement

Et cest mantel qu'ai afublé, ^^M

^M Molt bel et amiablement,

C'est un escu a or bendé. » ^^M

^m Demande li qui il estoit

a Et qu'est ice qu'avez vestu 1 6 5 ^^M

^M Qu'aloit querant^ quel non avoit ;

Qui si est pertuisiez menu ? j> ^^H

H El Tyolet li respondi,

12s

<< Une cote est de fer ovrée, ^^|

^H Qui molt estoit preuz et hardi,

Hauberc est par non apelée. » ^^M

^1 Filz a la veve dame estoit

« Et qu'est ice qu'avez chaucié ? ^^M

^M Qui en la gram forez manoit,

Dites le moi par amistié. i> [70 ^^H

H «< £t Tyolet m'apele Ton,

il Chauces de fer sont apelées, ^^M

^1 Cil qui nomer veulent mon non .

lîû

Bien sont fêtes et bien ovrées. n ^^|

|B Or me dites, se vos savez,

a Et ce que est que ceint avez ? ^^H

, Qui vos estes, quel non avez.

»

Dites le moi se vos volez. )> 174 ^^|

^^ El cil li respondi errant

(( Espée a non, molt par est bêle, ^^H

^M Qui seur la rive fu estant

Trenchant et dure la lemele. i> ^^H

^m Que chevalier en apelé ;

n5

a Ice lonc fust que vos ponezP ^^|

H Et Tyolet a demandé

Dites le moi, ne me celez. « ^^M

H Quel besie chevalier estoit,

« Veus le savoir ï * a Cil par foi. » ^^M

^Ë^ 104 tret 1 18 Car o, 165

-6 vestuz menuz ^^H

^^^1 44 ^

^^^H « Une lance que port o moi. i8o

(( Oil, par foi le vos afu »

^^^B Or t'en ai dit la vérité

Si li a dit : « Or t'en iras,

^^1

^^^H De qanque tu m'as demandé. i>

Et quant ta mère reverras

^^1

^^^1 a Sire, fet il, <* vostre merci.

Et ele parlera a loi,

«s J

^^^H Car pleust Dieu qui ne menti

Ele dira : biaus filz, di moi

^

^^^H Que j'eusse tiex garnemenz 1 8 >

De quoi tu penses et que as.

^^^H Con vos avez, si biaus, si genz,

Et tu li di en es le pas

^^1

^^^H Tel cote eusse et tel mantel

Que tu as assez a penser,

^^B

^^^H Con vos avez et tel chapel !

Que tu vorroies resembler

2Î0 M

^^^1 Or me dites, chevalier beste,

Chevalier beste que veis,

H

^^^H For Deti et por la seue feste, 190

Et por ce ères tu pensîs.

^^^H Se il est auques de tiex bestes

Et ele te dira briémcnt

^^1

^^^H Ne de si beles con vos estes, »

Que ce li poise molt forment

^^B

^^^H u Oil^ » fet il, et veraiemeni :

Que tuas tel beste veue,

2n m

^^^H Ja t'en mosterré plus de cent, jf

Qui autre engingne et autre tue. |

^^^M Ne demora que un petit, 195

Et tu li di que par ta foi.

^

^^^1 Si conme H contes nos dit^

Que maie joie avra de loi

H

^^^H Que deus cenz chevaliers armez

Se tu ne puez estre tel beste

^

^^^H Erroîenl très parmi uns prez^

Et tel coiffe avoir en ta teste ^

240

^^^H Qui de la cort au roi venoîent ; 1 99

Et des ce qu'ele ce orra,

1

^^^H Son conmandemem fet avoient :

Isnelement t'aportera

^

^^^H Une fort meson orent prise

Toute autretele vesteure^

H

^^H Et en feu et en charbon mise ;

Cote et raantel, coiffe et ceinture, B

^^^L Si s'en repairent tuil armé,

Et chauces et lonc fust plané,

345

^^^H En trois eschîéles bien serré.

Tex con tu as ci esgardé. m

1

^^^1 Chevalier beste dont parla 20^

Atant Tyolet s'en départ :

^^^H A Tyolet, et conmanda

Qu'en meson soit molt li est lart ; H

^^H C'un seul petit avant alast,

Puis a a sa mère donné

1

^^^B Outre la rivière gardast ;

Le chevrel qu'il ot aporté.

2)0 ^m

^^^P Cil a fet son conmandemem,

Et s'aventure li conta

^^H Outre regarde isnelement, 2 1 0

Tôt ainsi conme il la irova.

H

^^^L Si voit errer les chevaliers

Sa mère h responi briément

^^^P Trestoz armés sor les destriers.

Que ce li poise molt forment

^^V^ « Par foi, )> fei il, ce or voî les bestes

a Que tu as tel beste veue

2U ^

^^H Qui totes ont coifTes es testes ;

Qui mainte autre prent et menjue. » H

^^H Onques mes tex bestes ne vi 215

a Par foi, » fet il, « or est ainsi ; |

^^H Ne tiex coiffes con je voi ci.

Si je tel beste con je vi

^^M

^^^L Car pleust or Dieu et sa feste

Ne puis estre, bien sai et voi

^^M

^^H Que je fusse chevalier beste ! »

Que maie joie avrez de moi. »

260 ^B

^^^M Cil ra donques a lui parlé

Mes sa mère, quant ce oi,

^^^Ê

^^^1 Qui sor la rive estoit armé : 220

Isnelement li respondi ;

^^H

^^^H a Seroies tu preuz et hardi? »

Totes les armes que ele a

j

^^^^^H 216 t. bestes 228 dis 2^7 dis

1

J

^^V UIS INÉDITS 4^ ^B

H Isneleinent aporta,

Savoir voit de chevalerie» ^^H

^^^^Qd son seîgnor orem esté : 26$ ^^VMoli en a bien son 61z armé;

A tomoier et a joster, 305 ^^M Et a despendre et a donner; ^^H

Et quant el cheval fu monté,

Car aînz ne fu ja cort de roi^ ^^M

H Chevalier beste a bien semblé.

Ne ja mes n'iert, si con je croi, ^^M

^J^ 1 Sez or, biaus filz, que tu feras ?

Ou tant ait bien n^afetement, ^^M

^^Kîot droit au roi Artur iras, 270 ^^^PBt de ce te dirai la somme :

Cortoisie nVnsaingnèment, ^lo ^^M Or vos ai dit ce que j'ai quis ; ^^|

^1 Ne l'aconpaingnes a nul homme ; H Ne a famé ne donoîer

Rois, or me dites vostre avis. »» ^^| Li rois li dît : u Dan chevalier, ^^|

H Qui conmune soit de mestier, »

Je vos retien, venés mengier. » ^^M

^1 Atanl S'en est de li torné, 27$

a Sire, » fet il, « vostre merci* » 3 1 5 ^^M

H El Ta baisié et acolé. ^Ë^ Tant a erré par ses jomées,

Tyolet donques descendi, ^^M De ses armes s'est desarmé, ^^M

^^^LQue monz que terres que valées^

Si s'est vestu et afublé ^^M

^^^Qu'a la cori le roi est venu,

De cote et de mantel legier; ^^M

^M Qui conois rois etvaillanzfu. 280

Ses mains lève, si va mengier. po ^^H

^M Li rois a son mengler seoit, ^M Servir richement se fesoit ;

Atant es vos une pucele, ^^M Une or gu eill e u se dam ois ele ; ^^^^B

H Et Tyolet est enz entrez

De sa biauté ne voil parler ^^^^H

^1 Si conme il vint trestoz armez; ^■^ A cheval vint devant le dois 285

^^^^^^^

Onques Dido, ce m'est avis, j2$ ^^^H

^^^LLa ou seoit Artur li rois ;

Ne Elainne n'ot si cler vis : ^^^|

^^KOnques un mot ne li sonna, Ne noient ne l'aresonna.

Fille au roi de Logres estoit ; ^^H Sor un blanc palefroi seoit» ^^H

^^K« Amis, n fet li rois, t descendez,

Un blanc brachet triés soi portoit; ^^H

^^VEi avec nos mengier venez; 290 ^m Si me dites que vos querez,

Une sonnete d'or avoit 330 ^^M Pendue au col du blanc brachet : ^^M

^M Qui vos estes, quel non avez. « ^■^ « Par foi, » fei il, u jel vos dirai,

Molt ût le poil deugié et net. ^^H Tût a cheval en est venue ^^M

^^HQue ja ançois ne mengerai. ^^VRûîs, j'ai a non chevalier beste, 29 $

Devant le roi, si le salue : ^^M <i Rois Artur, sire, Dex te saut, } ; 5 ^^M

H A mainte en ai irenchié la leste,

Le tôt poissant qui maint en haut ! » ^^H

H Et Tyolet m'apele l'on.

^M Molt sai bien prendre venoison.

^M Filz sui, biau sire, s'il vos piest,

« Bêle amie, celui vos gan ^^M Qui les bons retient a sa part! n ^^M « Sire, je sui une meschine, ^^M

^M A la veve de la forest; 300

Fille de roi et de roine, 340 ^^M

^1 A vos m'envoie certement.

Et de Logres est rois mon père ; ^^M

^M Tôt por aprendre afetement;

N'ont plus enfanz li ne ma mère. ^^M

^m Sens voii aprendre et cortoisie,

Et si vos mandent par amor, ^^M

^m 267 montez 280 fu manque 28^ ^M roi J02 afetnent 506 Et manque ^M bbnc manqut

\ trestot arme 23^ d. le roi 286 le ^^H Î07 ne fui a 308 nierc jj i ^^1

^^H^ 46 1

^^^^H

^^^H Conme a roi de molt grant va!or.

Mes de lot ce noient ne fist. ^^H

^^^H S'il i a de vos chevaliers ^4;

11 dit que il ni enterra, ^^H

^^^H Nul qui tant soit hardiz ne fiers

Car de monr nul talent n'a; ^^H

^^^H Qui le blanc pié du cerf trenchast,

A soi redit a chief de pose : ^M

^^^H Biau sire, celui me donnast :

« Qui soi nen a n^a nule chose ; 390

^^^H Icelui a seignor prendroie,

Bonchastel garde, ce m'est vis, H

^^^H De nul autre cure n'avroie ; ) 50

Qui garde qu'il ne soît maumîs.D ^^|

^^^H ia nus hon n'avra m'amistié.

Dont s'en est li bracheï^ issuz, ^^|

^^^H S'il ne me donne le blanc pié

A Lodoer est revenuz, ^^|

^^^H Du cerf qui est et bel et grant,

Et Lodoer si s^en ala 595 ^^B

^^^H Et qui tant a le poil luisant

Et le brachet triés soi porta ; ^^H

^^^H Por poi qy'il ne semble doré : 3 { 5

Droit a la cort en vînt errant, ^^H

^^^H De set lions est bien gardé. »

Ou li barnages estoit grant ; ^^H

^^^H et Par foi, » fet li rois, « vos créant

Le brachet rent a la pucele ^^H

^^^H Que itel soit le covenant

Qui molt estoit cort oise et beie; 400 ^^H

^^^H Que cil a famé vos avra

Dont li a li rois demandé ^^H

^^^H Qm le pié du cerf vos donra. » 360

S'il avoit le pié aporté, ^^H

^^^H « Et je, dan rois, si (e créant

Et Lodoer li respondi ^^H

^^^H Que itel soit te covenant. d

Qu'encor en ert autre eschami : ^^H

^^^H Tel covenant ont afermé,

Dont Tont par la sale gabé, 40 c ^^B

^^^K £t entr'eus deus bien devisé.

Et il lor a le chief crollé, ^^H

^^^H En la sale n'ot chevalier ^6}

Si lor a dit que il alassent ^^H

^^^V Qui de rien feist a prisîer

Querre le pié, si l'a portassent. ^^H

^^^H Qui ne deist que il iroit

Querre le cerf molt i atérent, ^^H

^^^H Querre le cerf, s'il le savoit*

Et la pucele demandèrent : 410 ^|

^^^H « Cest brachet, » dist el^ a vos menra

N'en i ot nul qui la alast ^^H

^^^H La ou le cerf converse et va« » 370

Q'auiretel chançon ne chantast ^^H

^^^H Lodoer moit le covoîta,

Que Lodoer chanté avoit, ^^H

^^^H Le cerf querre premiers ala ;

Qui vailîanz chevaliers estoit, ^^|

^^^H Au roi Artu Pa demandé,

Fors seulement un chevalier 4 1 5 ^M

^^^H Et il ne li a pas veé.

Qui molt estoit preuz et legier : ^^H

^^^H Le brachet prit, si est montez, ^75

Chevalier beste ert apelé, ^^H

^^^1 Le pié du cerf est querre alez.

Et Tyolet estoit nommé. ^^H

^^^H Le brachet qui 0 lui ala

Cil s'en est droit au roi aie, ^^B

^^^H Droit a une eve le mena.

Hastivemem a demandé 420 ^^B

^^^1 Qui molt estoit et grant et lée,

Que celé gardée soit, ^^H

^^^1 Et noîre et hîsdeuse et enflée : )So

Que le pié blanc conquerre iroît ; ^^H

^^^H Quatre cent toises ot de

la mes, ce dit, ne revendra ^^H

^^^H Et bien cent de parfondeé,

Devant ice que il avra ^^H

^^^H Et le brachet en l'eve entra ;

Le pié blanc destre au cerf irenchié. H

^^^H Selonc son sens très bien cuida

Li mis li a donné congiéf 426 H

^^^H Que Lodoer enz se meist, )8{

Et Tyokt s'est adoubé ^^Ê

^^^H )44 malt mandat ) f 8, }62 Que il tel -

4 1 î lodier 422 querre 424 layra ^^H

^^^p

LAIS iNÉDITS

^H

^M £t de ses armes bien armé.

Que les ners du piz li trencha

^H

^M A U pucele dont ala :

De ce lion n'ot il plus guerre.

^^M

^H Son blanc brachet requis li a ;

4Î0

Son cheval chiet soz lui a terre; ^^H

^H El li a bonement bail lié.

Donques Tyolet le guerpi,

m H

^H Et il a pris de li congié.

Et li lion l'ont assailli :

^H Tant ont chevauchié et erré

De totes parz assailli Font,

^^1

^1 Que andui sont veny au gué,

Son bon hauberc rompu li ont

^M A la grant eve ravineuse.

4Î$

La char des braz et des costez ; ^^|

^H Qui molt ea parfonde et hisdeuse.

En pitisours leus est si navrez

480 ^m

^H Le brachet s^est en l'eve mis^

A poï que il nel devoroient ;

^H Outre s'en vet noant tôt dis ;

Tote la char desciroient,

^^H

^B Après lui se met Tyolet :

Mes il les a trestoz tuez :

^^1

^H Tant a sui le blanc brachet.

440

A poine s'en est délivrez.

^H

^M Sor son destrier sor coi il sist,

Dejoste les lions chai

48$ H

^H Que a la terre fors s^en ist.

Qui malement i'orent bailli

^M Dont l'a le brachet tant mené

Et de son cors si domagié

^^1

^M Que il li a le cerf moustré :

444

Ja par li n'ert mes redrecié.

^^1

^m Set granz lions le cerf gardoient

Es vos errant un chevalier,

^^1

^H El de molt grant amorramoîent

Et sist sor un ferrant destrier.

490 ^H

^M Et Tyolet garde, sel voit

Arestut soi, si resgarda :

^H

^H Eami un pré ou il paissoit :

Molt par le plaint et regreta ;

^H

^H N'i avoit nul des set lions.

Et Tyolet les eulz ouvri,

>^^l

^H Tyolet fiert des espérons,

4Î0

Qui du travail ert endormi :

^^1

^M Devant le cerf le fet aler.

S'aventure li a contée

^H

^H Tyolet prent lors a siHer,

Et de chief en chief racontée ;

^H Et h cerf molt beninement

De sa huese le pié sacha

'^^1

^H Vers Tyolet vient erramment.

1

Et au chevalier le bailla ;

^^1

^m Et Tyolet set foiz sifla :

4SÎ

Et cil l'en a molt mercié,

^^1

^M Li cers du toi donc s'aresta ;

Car le pié a forment amé.

Soo ^^1

^M S'espée tret isnelement,

De lui prent congié, si s*en V2

^^H

^M Du cerf le blanc pîé destre prent ^

En la voie se porpensa

^^1

^m Parmi la jointe li trencha,

Que se le chevalier vivoit

^^H

^M Dedenz sa huese le bouta.

460

Qui le pié donné li avoit,

^^1

^H Le cerf cria molt hautement,

Se il ne s'en voloit fuir

^1

^^^ Et li lion tout erroment

Que mal Vtn porroii avenir.

^^H

^^^^ Grant aleure i sont venu :

Anére tome maintenant :

^^1

^^^B Tyolet ont aparceu.

En pensé a et en talent

^^1

^^^1 Uns des lions a si navré

46J

Que le chevalier ocirra,

^^H

^^^P Le cheval ou il sist armé

Ja mes ne ïi chalengera.

;io ^H

^^^ Que la destre espaule devant

Par mi le cors bien Fasena :

^H El cuir et char en va portant.

De celé plaie bien garra :

^^1

^M Quant Tyolet a ce veu,

Bien le cuida avoir ocis.

^^1

^H Un des lions a si féru

470

Atant s*est a la voie mis.

^^1

^M De Tespée que il porta

Tant a son droit chemin tenu

M$ ^H

^^' 48 ^^^r

G.

PARIS ^^^^^^^^^^^^^B

^^^^B Qu'a la cûJt le rai est venu.

Et molt très amiablement ^H

^^^^^ La pucele au roi demanda,

Qu'cle portast ces! chevalier ^^

^^^^^ Le blanc pié du cerf II mostra

1

Qui molt par fesoit a proisier j 60 1

^^^^H Mes si n'ot pas le blanc brachel

A la noire monlaingne au raiére ; J

^^^^™ Qui au cerf conduit Tyolet :

S 20

Et cele a fête sa proiére : ^^m

^^H Bien le garda et main et soir -,

Le chevalier en a porté, ^^m

^^H Mes de ce ne puet il cbatoir :

Et au mire Va. conmandé : 1

^^H Cil qui le pié ot aportép

De par G au vain li conmanda, j6j 1

^^H Qui que Teusl au cerf copé,

Cil vûlentiers receu Pa, 1

^^1 Par covenant velt la pucele

W^

De ses armes Ta despoillié, ^H

^^H Qui tant par ^sx et noble et bêle.

Sor une table Ta couchié, ^^M

^^H Mes li rois qui tant sages fu

Et ses plaies li a lavées

^^H Por Tyolet qui n'ert venu

Qui moll érent ensanglentées. 570

^^H Respit d'uît jors demanda :

Quant il Ta par trestout curé,

^^H Adonc sa cort assemblera ;

no

Le sanc fegié d'entor osté,

^^H Ni avoit or fors sa mesniée,

Bien a veu que il garroil.

^^H Qui molt ert franche et ensaîngnîée.

Au chief d'un mois tôt sain seroit.

^^H Dont a cil le respit donné,

Enlretant fu Gauvains venu 57 j

^^H Et en la cort tant sejorné.

n4

El en la sale descendu : ^^

^^H Mes Gauvains qui tant fu cortois

Le chevalier i a trouvé ^H

^^H Et bien aprîs en toutes lois

Qui le blanc pié ot a porté ; ^|

^^H Est aie querre Tyolet :

Tant s^est en la cort demorez J79 1

^^H Car repairjé fu le brachet^

Que les vuit jors sont trespassez. |

^^^^^ Et II l'a avec lui mené.

Dont vint au roi, su salua : ..^J

^^^^H Tost le brachet Ta amené,

540

Son covenant li demanda ]^|

^^^^^ Qu*il Ta trové en pasmoisons

Que la pucele ot devisé ^H

^^^^^ Et pré dejoste les lions.

Et il endroit soi créante, ^^|

^^^^B Quant Gauvains le chevalier

voit

Que qui le blanc pîé donroît jSj

^^^^^ El l'ocise que fet avoit,

544

Que ele a seignor le prendroit.

^^V Mclt plaint le vaillant chevalier.

Li rois dist : m Ce est vérité. »

^^H Sempres descent de son destrier:

Quant Gauvains ot lot escouté,

^^^^_ Moll doucement Paresonna.

En es le pas avant sailli, 589

^^^^H Tyolet foiblement parla,

Et dist au roi : « N'est pas ainsi.

^^^^^ Et neporquant de s'aventure

Se por ce non que [e ne doi ^H

^^H Li a conté toute la pure.

JSû

Ci, devant vos qui estes roi^ ^H

^^1 Atant es vos une pucele

Desmentir onques chevalier, ^H

^^H Sor une mule gente et bêle :

Serjanl, garçon ne escuier, ^*

^^H Gauvaîn gentement salua ,

Je deisse qu'il mespreist, 59J

^^H Et Gauvains bien rendu li a,

N'onques du cerf le pié ne prist

^^B Et puis Ta a soi apeiée :

5J5

En la manière que il conte.

^^H Estroitement Pa acolée,

Molt fet aus chevaliers grani home

^^H Si 11 prie malt doucement

Qui d*auirui fet se velt loer

^^^^B S42 br, lamene $98 au ch*

r

1

^^^r UiS INÉDITS 49

m

H Et autrui mantel afubler, 600

A lui parla molt doucement,

^H

^B Et d'autrui bouzon velt bien trere

Et li demanda bonement :

^^1

^" Et loer SOI d'autrui afere,

(1 Dan chevaliers, dites le moi,

^^1

El par autrui main velt joster

Tant conme estes devant le roi :

^^1

Et hors du buisson traîner

Par quel raison volez avoir 645

^^1

Le serpent qui tant est cremu. 605

La pucele je voil savoir, n

^^1

Of à n*i sera ja veu :

« Par foi, n fet il, <t je vos dirai :

^^1

Ce que vos dites rien ne vaut ;

Por ce que aporté li ai

^^1

Aiilors ferez vos vosire assaut,

Le blanc pié du cerf sejomé.

^H

Aillors porchacier vos irez ;

Li rois et li Font créante. » 650

^^1

^ La pucele n'em ponerez. w 6 1 0

(c Trenchastes vos au cerf le pié?

^^1

H ¥ Par foi, » fet il, « sire Gauvain^

Se ce est voir, ne soit noie. i>

^^1

~ Or me tenez vos por vilain.

tt Ouil, » fet il, <t je li trenchaî

^^1

Qui me dites que n*ûs porter

Et ici 0 moi l'a portai. »

^^1

Ma lance en estor por joster,

« Et les set lions qui ocist? » 65 j

^^1

Bien sai trere d'autrui bouzon 6 1 5

Cil Tesgarda, nui mot ne dît,

^^1

Et par autrui main du buisson

Ainz rogi molt et eschaufa .

^^1

Le serpent trere qu'avez dit.

Et Tyolet dont reparla :

^^1

^ Mes n'est nul, si con croi et cuît,

tf Dan chevalier, et cil qui fu

^^1

H Se vers moi le voleit prover, 619

Qui de Pespée fu féru, 660

^^1

~ Qu'en champ ne m'en peusiiro ver.»

Et qui fu cil qui l'en feri ?

^^1

En ce qu'en cel eslrif estoient,

Dites le moi vostre merci.

^^H

Par la sale gardent, si voient

Ce m'est avis ce fusles vos. »

^^1

T volet, qui estoit venu

Cil s'embroncha, molt fu hontos.

^^1

El hors au perron descendu.

« Mes ce fu de bien fet col fret 665

^^1

Li rois contre lui s'est levez, 62 j

Quant vos feistes te! forfei.

^^1

Ses braz ti a au col getez,

Bonement doné vos avoie

^^1

Puis le baise par grant amor.

Le pié qu*au cerf trenchié avoie,

^^1

Cil Tencline conme a seignor.

El vos tel loier en sousistes,

^^1

Gauvain le baise et Uriain,

Por un pou que ne m'oceistes: 670

^^1

Keu et Evain. le filz Morgain ; éjo

Mort en dui estre voireraent,

^^1

^H Et Lodoer l'ala besier,

Je vos donnai, or m'en repent :

^^1

H Et tuh H autre chevalier.

Vostre espée que vos portastes

^^1

Li chevaliers, quant il ce voit,

Très parmi le cors me boutastes ;

^^1

Qd la pucele avoir voloît

Très bien me cuidastes ocirre. 67 s

^^1

Par le pié qu'il ot aponé 6 j 5

Se vos ce volez escondire,

^^1

Que Tyolet li ot donné.

De prover voiant cest bernage

^^1

^ Alt roi Artur dont reparla

Au roi Artur en lent mon gage. »

^^1

H El sa requeste demanda.

Cil entent qu'il dit vérité.

^^1

^ Mes Tyolet, quant il ce sot

Du coup li a merci crié : 680

^^1

|i Que La pucele demandot, 640

Plus doute la mort que la honte.

^V fo4 besoing 606 Ot 608 vos manque 61 0 ncmporteroit 6 1 8 Mais

mi! si con je croi 65 1 lodoier 64

i benemem 66S qu* mdn^uc

^^1

^^^ Romania.vm

4

De rien ne contredit son conte: Devant li roi a lui se rent A fere son conmanderoent. El Tyolet li pardonna, 68 j

Au conseil que il pris en a Du roi et de loz ses barons ; Et cil Ten vait a genoillons : Dont l'en eust le pié besié, Quant Tyolet Ta redrecié, 690 Si l'en bese par grant amor : N*en oi puis parler nul jor. Li chevaliers le pié li rent,

Et Tyolet donques le preni.

Si Ta donné a la pucele : 695

Fleur de Us ou rose novele,

Quant primes nesi el tans d'esté,

Trespassoit ele de biauté.

Tyolet l'a donc demandée ;

Li rois Artur li a donnée, 700

Et la pucele Potroia,

En son pais donc le mena;

Rois fu et ele ftj roine.

De Tyolet le lai ci fine.

GUINGAMOR.

Ce lai, le plus beau de ceux qui paraissent ici pour la première fois, et complètement inconnu à tous les recueils» nous présente une variante de celte légende bien connue qui a trouvé dans les chansons populaires allemandes relatives à Tannhauser son expression la plus célèbre. Il y a longtemps que je m'occupe des diverses formes de celte légende, qui, en Allemagne, n'est pas plus ancienne que le xvi^ siècle, et qui» popu- laire et localisée en Italie longtemps auparavant, se retrouve également chez les Celtes. Quelques traits du lai de Guingamor offrent des traces d-allération : on ne comprend pas bien, par exemple, quelle est la des- tinée des dix chevaliers qui ont avant lui essayé la chasse du « blanc porc », el qu*il retrouve dans le palais de la fée (v. 520 ss.). Il est regrettable aussi que te poète ne nous dise nulle part si la scène se passe dans la petite ou dans la grande Bretagne.

Un trait intéressant est celui du fruit que mange Guingamor et qui en fait en un instant un vieillard décrépit. C'est ainsi que Perséphone, pour avoir mangé une pomme dans les jardins d'Hadès, est condamnée à rester sa femme. Seulement ici nous avons exactement Pinverse. Le pays Guingamor a passé trois siècles comme irois jours est évidemment la terre fortunée on ne meurt plus, le « lieu d'éternelle Jeunesse n des tradi- tions irlandaises* Manger du fruit de la terre des morts assigne Perséphone à leur compagnie ; manger du fruit de la terre des vivants rend Guingamor aux conditions de la vie morteile* Dans un poème populaire italien fort intéressant, fondé sur une légende analogue, le chevalier Senno, qui a quitté le pays de Timmortalité, meurt quand son pied touche la terre

686 piits 696 ou mân^tu

I

LAIS INÉDITS JE

des mortels. Le symbole est moins clair dans l'histoire d'Oger le Danois qui, revenant, comme Guingamor, du pays de féerie après des siècles, perd sa jeunesse surnaturelle quand on enlève de sa tête la couronne que Mofgain y a posée. Dans Baudouin de Scboarc^ les fruits merveil- leux du paradis terrestre rappellent plus directement la légende primi- tive ; mais ils ont perdu leur vraie signification : ceux que produit Tun des arbres rajeunissent, ceux que donne l'autre vieillissent en un moment Je ne fais ici qu-indiquer ces traits, sur lesquels je reviendrai longuement quelque jour.

Enlever ses vêtements à une fée qui se baigne et ne les lui 'rendre qu*à certaines conditions est un moyen d'obtenir des dons merveilleux qui se retrouve souvent dans îes contes : c*est ainsi que le chevalier dont Garin a raconté Taventure acquiert Tétrange pouvoir que Ton connaît. Ce trah est probablement une altération récente de la forme plus ancienne, dans laquelle on retenait captive une fille-oiseau en lui déro- bant son vêtement de plumes, laissé par elle au bord de t- eau elle se baigne (voy. les notes de M. Cosquin sur son n** XXXIl). Ici, du reste^ ce trait parait assez inutile, car la fée semble disposée d'avance à bien accueillir Guingamor. Le château désert qu'il traverse, et qui se trouve ensuite abondamment peuplé, sans qu'on sache comment, rappelle ceux qu^on rencontre souvent dans des récits analogues, par exemple, pour n'ai dter qu'un, dans Partenopeus de Biois,

dit le lay de Guingamor.

D-un lay vos dirai l'aventure : Nel tenez pas a troveure. Verriez est ce que dirai ; Guingamor apeîe on le laK

En Bretaingne ot un roi jadis, L^ terre tint et le pais ; Molt ot en lui noble baron. Ne sai por voir nomer son non ; Dn sien neveu avoit li rois. Qui molt hi sages et cortois Guingamor estoit apelez, Chevalier ert preuz et senez ; Por sa valor, por sa biauté, Li rois le tint en grant chiené ; De lui vôloiî faire son oir, 1 5

Car ne pooit enfant avoir. Et il fesoit molt a amer,

10

Biau sot promestre et bien doner, Moli ennoroit les chevaliers, Les serjanz et les escuîers; 20 Par toute la terre ert proisiez, Car molt ert fi'anz et enseigniez.

Li rois ala un jor chacier, En la foresl esbanoier ; Ses niés estoit ce jor seîngniez, 2 j Si estoit auques desheiiez. Ne pot le jor em bois aler ; A son ostel vet sejomer : Pluseurs des conpaingnons le roi A retenu z ensemble o soi. jo

A prime de jor se leva, Por déduire el chastel ala ; Le seneschal Ta encontre, Ses braz li a au col gité ; Tant ont parlé qu'a un tablier j j

19 Mol i9 conpaingijors j 1 priue

^^^^^5^^^^^^^^^^

PARIS *"

^

^^^^H Se sont aie esbanoier.

Si vos aimme de grant amor :

1

^^^^^1 La roîne estoit fors issue,

Bien la tenez por vosire drue.

D

^^^^H A l'uis de la chambre est venue ;

Li chevaliers l'a respondue :

80

^^^^H Mer voloîT a la chapele. J9

« Dame, ») fet il, « ne sai conmetit J

^^^^H Molt estoit longue et gente et bêle;

J'amasse dame durement^

^^^^H Por le chevalier esgarder

S'ançois ne l'eusse veue

m

^^^^H Qu'ele vil au tablier jouer

Et acointie et conneue :

^^^^H Une gram pièce s'areslut;

Onques mes n'en parler;

«n

^^^^H N'ala avant ne ne se mut :

Ne quier ouan d'amor ovrer. » J

^^^^^H Bel II sembla de grant mesure 4J

La roine li dist : « Amis,

1

^^^^H De cors, de vis et de feture ;

Ne soiez mie si eschis :

1

^^^^^H Contre une fenestre seoit :

Moi devez vos très bien amer

y

^^^^^H Un rai de soleil U venoit

Je ne faz mie à refuser,

90

^^^^H El vis, qui tout Penluminoît

Car je vos aim de bon corage

^^^^^H Et bone color li donnoii : 50

Et amerai tout mon aage. »

^^^^^H Tant Ta la roine esgardé

Li chevaliers s'est porpensez,

^^^^V Que tout en change som pensé;

Si respondi conme senez :

94

^^^^V Por sa biauié, por sa ^'anchise^

« Bien sai, dame, qu'amer vos doi : j

^^^^K De l'amor de lui ert esprise*

Famé estes mon seignor le roi

t

^^^^^H Ariére s'en vaîi la roine, 5 {

Et si vos doi porter honnor

^^^^H Si apela une meschîne :

Conme a la famé mon seignor.

n

^^^^^B « Alez, )) fet ele, « au chevalier

La roine li respondi :

^^^^H Qui laienz siet a Peschequier,

a Je ne di mie amer ainsi :

100 J

^^^^H Guingamor, le neveu le roi ;

Amer vos voil de druerie,

^^^^H Si li dîtes qu'il viengne a moi. )) 60

Et que je soie vostre amie.

^^^^H Celé est au chevalier venue,

Vos estes biax et je sui gente

^^^^H De par sa dame le salue

S'a moi amer metez entente,

^^^^H Et dît qu'il viengne a lui parler ;

Molt poons estre andui hetié,»

ÏOJ

^^^^H Gtiingamor let le jeu ester,

Vers lui le tret, si l'a besié.

^^^^H 0 la meschîne s'en ala, 6^

Guingamor entent qu'ele dit

^

^^^^H Et la Papela,

Et quele amor ele requisi :

^^^^H Dejoste li le 6st seoir

Grant honte en a, tout en rogi

; ^

^^^^H Cil ne se pot apercevoir

Par mautalent se départi,

110

^^^^H Por coi li fet si bel semblant ;

De la chambre s'en vost issir ;

^^^^H La roine parla avant : 70

La dame le vet retenir.

m

^^^^H « Guingamor, molt estes vaillans^

Par le mantel l'a voit saisi

^^^^H Preuz et corlois et avenans :

Que les aiaches en rompi ;

^^^^H Riche aventure vos aient ;

Fors s'en issi toz desfublez.

.«P

^^^^H Amer pouez molt hautement*

Au tablier dont estoit tomez

^^^^H Amie avez cortoise et bêle : 7 j

Se rest assis molt iriboulez ;

^^^^H Je ne sai dame ne danzele

Tant avoit esté esfreez

^^^^H £[ roiâume de sa vaior, *

Que du mamel ne li raerabra ;

^^^^H 42 tables » H dubu 79 dru 84

et aconneue 9 1 mon 118 corouciez !

^^^v ^^1

B Desftiblez fy et si joua.

110

Qui le sengler prendre porroît. )> . ^^|

^ La roinc tri en grant effroi :

Tuit se taisent Ii chevalier, ^^H

Mott fa dolente por le roi.

Qui ne se veulent essaîer. ^^H

Qoant Guiîigamor a si parlé

Guingamors a bien entendu (65 ^^H

Et de son estre tant mosiré»

Qu'elle a por lui cest plec meu. ^^H

Peor 01 quil ne l^encusast,

"î5

Par ta sale sont tuit pensif, ^^H

Envers son oncle l'empirast :

N'i 0! ne noise ne estrif ; ^^|

Une meschine a apelée

Li rois premiers la respondi : ^^H

Qui moli esioit de ii privée ;

0 Damei sovent avez oi 170 ^^^H

Le mantel Ii avoît baillié.

L'aventure de la forest : ^^|

A Guingamor Pa envoie ;

IJO

Ce sachiez vos, mott me desplet ^^H

Ele U a entor lui mis :

Quant en nul leu en oi parier ; ^^|

Tant en esfreez et pensis

Onques nus hom ni pot aler ^^H

Quil ne sot quant el ii bailla ;

Qui puis em peust reperier, 17} ^^|

Et la pucele ariére ala.

Por qoi le porc peust chacier ; ^^H

Desqu^a vespre toute ensi fu

'35

La lande î est aventureuse ^^H

En grant paor, que venu fu

Et la rivière périlleuse. ^^H

U rois et qu'il vînt de chacîer,

Moli grant dommage i ai eu : ^^H

Et qu'il s'assist a son mengier

;

Dîz chevaliers i ai perdu, 1 ^^|

Molt ot le jor bien esploitié;

Toz les meillors de ceste terre, ^^H

Si conpaingnon sont tuit hetié*

140

Qui le sengler alérent querre. n ^^H

Après mengier joent et rient,

La parole ont atant tessie ; ^^H

Lot aventures s'emredient,

A tant depanî la mesnie ; ^^H

Cbascuns parole de son fet^

A lor ostex vont herbergier» 18$ ^^H

Qui ot failli, qui ol bien tret,

Et II rois est alez couchier. ^^H

Guingamor n'i ot pas esté,

'4S

Guingamors si n'oublia mie ^^H

Molt Ten a durement pesé i

La parole quil ot oie : ^^^^H

Em pais se tint, mot ne sonna

ï

En la chambre le roi entra^ ^^^^H

El la roine Tesgarda :

Et devant lui s'agenoilla : 190 ^^^^H

Il Por lui grever et corroucier

«c Sire, » fet il, u je vos requîer ^^H

^M Vet tel parole conmencîer

150

D'une chose dont j'é mestier, ^^H

^^ Dont chascun par soi pèsera.

Que je vos pri que me doigniez : ^^H

Vers les chevaliers s'en toma :

Du donner ne m'escondisiez. a ^^H

« Molt vos oi, » fet ele, « vanter.

Li rois li dist : c< Je vos otroi, 195 ^^H

El vos aventures conter.

Biaus niés : ce que toi plet di moi; ^^H

Mes n'a ceanz nul si hardi ^

«55

Seurement me demandez : ^^H

Detoz iceus que je voi ci,

Ja ceie chose ne vosdrez ^^H

Qui en la foresi ci defors,

Ne face vostre volenté. n ^^H

La ou converse Ii blans pors.

Li chevaliers Ta mercié, 200 ^^H

Osast chacier ne soner cor,

Puis li dit quil Ii requeroit, ^^|

Qui Ii donroii mil livres d'or.

160

Et quel don donné li avoit : ^^|

En merveilleus los le meiroit,

<f En la forest ira chacier; v ^^M

^B 1)^ de t $o corroucier t

$2 le cheualier 162 senglier 182 sengtier ^^H

^^^^^K

1

^^^^^1 si li requiert son liemmier,

Guingamor congîé demanda,

i4i 1

^^^^^^ Som brachet et son chaceor 205

A son ostel liez s'en aîa ;

1

^^^^^ Et sa mueie li prest le jor.

Onques ne pot la nuit dormir.

1

^^^^^H Li rois oi que ses niés dist

Quant il vit le jor esclarcir,

1

^^^^^1 Et la requeste que il fist ;

Son ûirre fet lost aprester

249 1

^^^^H Molt fu dolent, ne set que fere.

Et toz ses compaingnons mander, |

^^^^^1 De Totroî se voloît retraire, 2 1 0

Toute la roesnie te roi,

^^^^^B Et dist qu'il le lessast ester»

Qui por lu! érent en esfroi,

^^^^^1 Ne li doit pas ce demander,

Qui destorbassent et nuisisseni

t

^^^^^H Ne sûufreroit quil i alast

Moït volentiers se il poissent ;

^^^^^H Por qoi le blanc sengler chaçast^

Le chaceor le roi manda,

2SÎ

^^^^^B Qui son pesant d'or li donroit ; 2 1 5

Que la nuit devant li presta,

^^^^^H Car ja mes ne repereroit :

Et le brachet et son bon cor,

^^^^^H Se son bon brachet ti prestoit.

Qu'il ne donnast por son pois <

l'or:

^^^^^H Et son chaceor li baîUoit,

Deus mueies de bons chiens le roi |

^^^^^P N'avoit avoir qu^il amast tant,

Fet Guingamors mener 0 soi,

260 1

^^^^^V Ne le donroit por rien vivant, 220

N'oublia pas son liamier.

1

^^^^^L Car ît les avroit lues perduz,

Li rois Test alez convoier;

■J

^^^^^H Ja mes n'esteroîent veuz ;

Cil de la vile, H borjois,

4

^^^^^1 Ce dit, se perduz les avoit,

Et li vilain et li cortois

^

^^^^^H Que lotjors mes dolenz seroit.

Le convolèrent auiresi

26i 1

^^^^^H Guingamors respondî le roi : 225

0 grant doîor et 0 grani cri ;

1

^^^^^H Ci Sire, en la foi que je vos doi,

Et nés les dames i aloîent,

1

^^^^^m Ne lerroie por rien qui soit,

Merveilleus duel por !m faisoient. M

^^^^^1 Qui tôt le monde me donroit,

Au bruei! plus près de la cité

^^H

^^^^H Que demain ne chaz le sengler.

Sont tuit li veneor aie ;

270"

^^^^H Se vos ne me volez prester 2 jo

Li veneor avant alérent,

^^^^^1 Le brachet que tant avez chier,

Le liamier 0 eus menèrent ;

^^^^H Le cheval et le liamier

La trace quiérent du sengler

^^^^^1 Et la muete des autres chiens,

Por ce qu'ilec sieut converser

.

^^^^^Ê Tex con il sont prendre les miens, n

Trovée Tont et conneue,

27Î

^^^^^B La roine i est sorvenue, 2 ^ 5

Car plusors foiz Tont porveue

>

^^^^^H Qui la parole a entendue,

Tant ont tracié qu'il Tont trovè |

^^^^^M Ce que Guingamors demandot ;

En un buisson espès ramé ;

^^J

^^^^^H Très bien sachiez forment It plot.

Avant mainnent le liamier,

^^H

^^^^^H Au roi proia que il feist

Si le lessièrent abaier ;

280^1

^^^^^1 Ce que li chevaliers requist ; 240

Par force Pont du brueii gelé.

1

^^^^^1 Délivrée en cuide estre atant,

Guingamor a le cor sonné ;

1

^^^^^1 Nel verra mes en son vivant.

L'une muete fist descoupler,

^^1

^^^^^1 Tant la roine proie

Et Tautre fist avant mener :

^^^1

^^^^^H Que li rois li a ostroié.

Près de la foresi Tatendront,

285 ^

^^^^^1 229 senglier in souenue ^ 237

demandûit 24 j Guigamor

248 1

^^^^^B esclardz -* i;) L. c. que il m. ij]

senglier

j

^^V LAIS INÉDITS }J

m

Mes ja dedenz nen enterront

Onques mes si dolent ne fu,

^H

Cuingamors conmence a chacier,

Por son oncle qui tant l*ania ;

^^1

Et li pors prisi a lomoier.

Parmi la forest^^'adreça : 330

^^1

Ou brueil se part molt a envis :

En un haut tertre est arestez,

^^H

Li chîcn le siévem a hauzcris, 290

Molt est dolenz et esgarez.

^^1

Près de la forest Pont mené,

Li tens fu clers et li jors biaus :

^H

Mes il estoient tuit lassé,

De toutes parz ot les oissiaus,

^^1

Ne se pooient preu aidier ;

Mes il n*i entendoit noient ; j j 5

^^1

Les autres i ont fet lessier.

N'i eslui gueres longuement,

^^1

Guingamorsvasoventsonnant, 295

Le brachet oi loinz crier.

^^1

Et la muete va glatissant,

Et il conmença a corner ;

^^1

De toutes pars le siévent près :

Angoisseus en ainz qu'il le voie*

^^1

£1 brueil ne tornera hui mes.

En une clére fouteloie 340

^^1

En la forest s'est embaïuz,

Vit venir lui et le sengler,

^^1

Guhjgamors est après venuz, joo

El vers la lande trespasser ;

^^1

Le brachet porte detriers soi

Haslivemeni le cuide ataindre.

^^1

Qu'il avûit emprunté au roi.

Hurte, si point, ne s*i veut faindre :

^^1

Cil qui Talérent convoier,

En son corage s*esjooit, 94 $

^^1

rois et tuit si chevalier

Et a soi meismes disoit

^^H

Et li autre de la cité, J05

Que sll puet prendre le sengler

^^1

Defors le bois sont aresté :

Et sainz ariére retorner.

^^H

N*en lesse nul ater avant.

Parlé en ert mes a toz dis,

^^1

iHcques sont demoré tant

Et molt en acuidra grant pris* jfo

^H

Cornue il porent le cor oir

En la grant joie qu'il en a

^^M

Et les chiens oirent glatir ; j 10

Misi cor a bouche, si sonna ;

^^H

Ariére sont tuit retomé,

Merveilleus son donna li cors.

^^1

A Dieu du ciel Pont conmandé.

Par devant lui passa li pors,

^^1

scnglers s'en va esloingnant

Et li brachez le sieut de près ; j j 5

^^1

Et les ptusors des chiens lassant.

Gyingamors point a grant esiès

^^^H

Guingamors a pris le brachet, j 1 j

Parmi la lande aventureuse

^^^H

Le lien oste, après li met.

Et h rivière périlleuse,

^^1

Et il i conit volentiers ;

Tôt droit parmi la praierie j j^

^^1

Dont s'esforça li chevaliers

Dont Perbe estoît vert et fîorie :

^^1

De bien corner et d'enchaucier.

Par poi ne Taloit aiaingnani,

^^1

Por le brachet son oncle aidier: ^ 20

Mes il a esgardé avant :

^^1

Molt li plesoient li doz cri ;

D'un grant paies vit les muraus

^^1

Mes en poi d'eure les guerpi,

Qui raolt estoii bien fez senzchaus :

^^H

Et le brachet et le sengler ;

De vert marbre fu clos entor, 365

^^1

N abaier ne crier ;

El sor rentrée ot une tor.

^^1

Molt est dolenz, molt li desplet : 3 2 5

D'argent paroit qui l'esgardoit :

^^1

L'espoîsse erre de la forest,

Merveilleuse clané rendoit ;

^^H

H Guide q'ait le brachet perdu ;

Les portes sont de fin yvoire,

"^

^H }22 le ju dolez jGa il la

)64 Car m. j66 s. lautre auoit

^m s6

^^^^^^1

^^H D'or entaillies a triioire ;

370

Se le brachet oist crier : ^^Ê

^^H Ni ot barre ne fermeure.

A désire de lui Ta oi. ^H

^^H Guingamors vint grant aleure

:

Tant escouta, ynt entendi, ^H

^^H Quant la pone vit si ovene

Qu'il l'oi loing et le sengler. 41 j

^^H Et rentrée du tout apene,

Donques reconmence a corner : ^J

^^H Forpensa soi qu'il enterra,

I7i

A l'enconire lor est alez ; ^|

^^H Aucun preudome i trovera

Li pors s'en est outre passez, ^H

^^H Qui ce porpris a a garder ;

Et Guingamors après se met^ ^H

^^H Savoir vorra et demander

Semont et hue le brachet : 420

^^H Qui sires est de ce palais ;

Enz el chief de la lande entra ;

^^H Onques si riche ne vît mais ;

^80

Une fontaine illec trova

^^H Moli se délite en esgarder,

Desoz un olivier foillu

^^H A son porc cuide recovrer

Vert et flori et bien branchu : 424

^^H Ainz que gueres soit esloingnîé

'1

La fontaingne ert et clére et bêle,

^^H For ce que molt ett traveillié.

D'or et d*argent ert la gravele ; ^m

^^H Enz est entrez tôt a cheval,

38s"

Une pucele s'i baingnoit, ^^

^^H £mmî le paies prist estai,

Et une autre son chief pingnoit 1

^^H Et esgarde tout entor soi :

Et li lavoit et piez et mains ; 429 1

^^H Mes ni trueve ne ce ne qoi,

Biaus membres ot et Ions et plains : j

^^H Ne trova rien se fin or non :

El siècle n'a tant bêle chose, ^H

^^^^^ Neis les chambres environ

590

Ne fleur de liz ne flor de rose, ^H

^^^^H Sont a pierres de paradis.

Conme celé qui estoit nue. ^^H

^^^^^ De ce 11 a semblé le pis

Des que Guingamors l'oi veue, ^|

^^H Corne ne famé ni trova,

Conmeuz est de sa biauté ; 4^5 J

^^H Mes autre pan se reheta

Le frain du cheval a tiré ; 1

^^H Que tele aventure a trovée

m

Sor un grant arbre vit ses dras : ^^M

^^H For raconter en sa contrée.

Celé part vint, ne targe pas, ^H

^^H Grant aleure vet arîére

El crues d'un chiesne les a mis : 1

^^H Farmi les prez lez la rivière :

Quant il avra îe sengler pris, 440 1

^^H N'a mie de son porc veu,

Ariére vorra retomer J

^^H Et lui et le chien a perdu.

400

Et a la pucete parler ; J^m

^^^^^ Or est Guingamors eschamiz

:

Bien set qu'ele n'ira pas nue. ^H

^^^^H i( Far foi^ » fet il^ (^ je sui traiz.

Mes ele s'est aparceue,

^^^^^ Bien me puis tenir a bricon :

Le chevalier a apelé 44$

^^H For esgarder une messon

Et fièrement aresonné :

^^H Cuit avoir perdu mon travail.

40 î

« Guingamors, lessiezma despoille.

^^H Se n'ai mon chien et au porc 1

^ail

Ja Deu ne place ne ne voille

^^H Ja mes joie ne bien n'avrai.

Qu'entre chevaliers soit retret ^H

^^H N'en mon pais ne tornerai. »

Que vos faciez si grant mesfet 450 ^1

^^H Guingamors estoii moli pensis

;:

D'embler les dras d'une meschinc ^J

^^H El haut de la forest s'est mis,

4E0

En l'espoisse de la gaudine. ^^|

^^H Et commença a escouter

Venez avant, n'aiez esfroi ; ^^

^^^^K ^8$ eslesloîngnie ~ j9| Home 401 luiton 429 Elli l ^H

^^^" )7 ^^1

^V Herbergiez vos hui mes o moi.

Ne d'amor garde ne se prist. ^^|

Toute jor avez vaveiliié, 45 j

Celé fu sage et bien aprise^ ^^H

^m Si n'avez gueres esploitié. n

Guîngamor respont en tel guise ^^H

B Gaingamors est aie vers li^

QuVle Tamera volentiers» ^^H

^ Ses dras li porta el tendi,

Dont ot joie li chevaliers. joo ^^|

^_ De son offre la raercia,

Puis que Pamor fu ostroiée ^^H

^1 Et dit pas ne herbergera, 460

Acolée Pa et besiée. ^^|

i^ Car il avoit son porc perdu

La meschine en ala devant, ^^|

1 Et le brachel qui Ta seu.

El paies vint esperonnant ^^^^H

^ft La dàmoîsele U respont :

Ou Guingamors avoit esté^ $0^ ^^^^^|

« Amis, tuît cil qui sont el mont

Molt Pa richement aîamé. ^^^^H

y Nu porroient hui mes trover, 465

Les chevaliers a fet monter ^^H

' Tant ne s^en savroient pener,

Et encontre lor dame aler ^^H

^^ Se de moi n*aviez aie.

Por son ami qu^ele amenot : ^^|

^1 Lessiez ester vostre folie ;

Tex trois cenz ou plus en i ot^ 510 ^^H

^^ Venez 0 moi par tel covent,

N'î ot celui n'eust vestu ^^|

El je vos promet loiaument 470

Bliaut de soie a or batu ; ^^|

Que le sengler pris vos rendrai

Chascuns de ceus menoit s'amle : ^^H

El le brachet vos baillerai

Molt ert bêle la compaingnie ; ^^M

A porter en vostre pais

Valiez i ot a espreviers $ 1 $ ^^M

Jusqu'à lierz jor : je vos plevis. »

0 biaus ostors fors et muters i ^^H

^_ Bcle, )) ce dit chevaliers, 475

El paies en ot autretant, ^^H

^1 « Je herbergerai volentiers

As tables, as esches jouant. ^^H

^^ Par tel covent con dit avez. »

Quant Guingamors fu descenduz, ^^M

Descenduz est et arestez.

Les diz chevaliers a veuz J20 ^^M

La pucele tost se vesti,

Qui perdu érent de sa terre, ^^H

Et celé qui fu avec li 480

Qui le sengler alérent querre : ^^|

Li a une mule amenée,

Tuit sont encontre lui levé, ^^|

De riche aior bien afeutrée,

A grant joie Pont salué ; ^^|

Avec son oes un palefroi,

Et Guingamors les a besîez; 5 2 $ ^^H

Mdllor nen 01 ne quens ne roi.

Molt fu la nuit bien herbergiez, ^^H

Cuingamors sivi la pucele, 485

Bons mengiers ot a grant plenté, ^^|

, Quant levée Pot en la sele,

0 grant déduit, 0 grant fierté, ^^|

^B Puis est montez, sa resne prent;

Sons de herpès et de vieles, ^^H

^" De bon cuer Pesgarde sovent :

Chanz de valiez et de puceles; ) )o ^^|

Molt la vit bêle el longue et gente,

Grani merveille ot de la noblece. ^^H

^K Volentiers i metoit s*eniente 490

De la biauté, de la richesce. ^^|

^m Qu'ele l'amast de druerie ;

N'i cuida que deus jors ester, ^^|

Doucement la regarde el prie

Et au tierz s'en cuida raler ; 534 ^^|

Que s'amor li doint et otroit :

Son chien et son porc volt avoir, ^^M

Onques mes n'ot le cuer destroit

Et son oncle fere savoir ^^|

Por nule famé qu'il veist, 495

L'aventure qui! ot veue ; ^^|

^B 4S7 Iiù 4S9 le $06 V manque -

^09 amenoit $28 On ^^M

^K

C. PARtS

^^^H Fuis repérera a sa dme.

S'est el batel outre passé :

j8o V

^^^H Autrement li fu trestomé :

A Dieu t'a conmandé, sel let*

^^B

^^^H Car trois cenz anz i ot esté.

J40

Le chevalier avant s'en vet,

^^B

^^^H Mors fu Li rois et sa mesnie,

Le jor erra jusqu'à midi.

^^B

^^^1 Et toz iceus de sa lingnie,

De la forest onques n'issi.

^^B

^^^1 Et les citez qu'il ot veues

Tant la vit laide et haut creue

S8î J

^^^H Furent destruites et cheues.

Que toute l'a descoiineue ;

^^^H Guingamor a le congié pris

54J

Loing sor senestre oi tatlUer

^^1

^^^1 De reperier en son pais ;

A sa cûingnie un charpentier :

^H

^^^H Le porc et son brachet requist

Son feu fesoit et son charbon

^^B

^^^H Â sa mie qu'el li rendist.

Celé part vint a esperon,

S90^^B

^^^1 <( Amis^ n fet ele, u vos Tavrez,

Le pauvre homme avoit salué

^^^^H

^^^H Mes por noient vos en irez :

Sio

Enquîs li a et demandé

^^B

^^^B Trois cenz anz a, si sont passée

Ou li rois ses oncles estoit,

^^B

^^^H Que vos avez ici esté.

Et a quel chastel i manoît.

594^™

^^^H Mors est vostre oncles et sa gent,

Li charboniers respont briément ; ^^B

^^^H N'i avez ami ne parent ;

« Far foi, sire, n'en sai noient. ^^|

^^^H Une chose vos di ge bien :

S5$

Icil rois dont vos demandez

^^1

^^^H N'i a home si ancien

Plus a de trois cenz anz passez ^^B

^^^H Qui vos en sache riens conter^

»

Que il morutj mien escient,

^

^^^H Tant n'en savriez demander. :

D

Il et tuit si homme et sa gent ;

,6oo

^^^H a Dame, » fet il, ce ne puis pas croire

Et les corz que avez nomées

^^^H Que ceste parole soit voire ;

j6o

Sont grant tens a toies gastées. B

^^^M Et s ainsi est con dit avez

Tex i a de la vielle gent

^^H Tost iére ariére retornez :

Qui racontent assez sovent

1

^^^B Ci revendrai, je vos afi. n

De ce roi et de son neveu,

605

^^^B Ele li dist : (t Je vos chasti»

Que il avoiî merveilles preu :

1

^^^H Quant la rivière avrez passée

î6S

Dedenz ceste forez chaça,

M

^^^1 Por râler en vostre contrée,

Mes onques puis ne retorna. ^^B

^^^H Que ne bevez ne ne mengiez

Guingamor oi ce qu'il dit,

^

^^^B Por nule fain que vos aiez,

Merveilleuse pitié Tem prist

610 ^B

^^^1 De si que serez repériez :

Du roi qu'il ot ainsi perdu.

J

^^^H Tost en seriez engingniez. y>

570

Au charbonier a respondu :

M

^^^B Son cheval li fet amener

a Entent a moi, ce que dirai.

^^^B Et le grant sengler aponer;

M'aventure reconterai :

^^^B Après li a rendu son chien,

Ce sui je qui alai chacier ;

61J ^

^^^B Rendu li a par k lien.

Ariére cuidai reperier

J

^^^B II prist la teste du sengler :

57J

Et aponer le grant sengler. »

^^H N'en pooii mie plus porter ;

Dont li conmença a conter

^^^B El cheval monte^ si s'en va,

Du paies qu'il avoit irové.

V

^^^H Et sa mie le convoia,

Et conment ot dedenz esté,

6îO ^M

^^^1 A la rivière l'a mené,

De la pucele qull trova,

1

^^^^^L 54) le mûnque ^ m passez

SS^ ^^ ^ V^y creuee ^ 6oo 11 manque 1

Conment elc le bcrbcrga

Deus jors eniîers, « puis m'en parti,

>lon porc et roon chien me rendi.»

La teste du porc li donna, 625

Et a garder li conmanda

Tant qu'a sa meson revenist,

Et as genz du pais deist

Conme il avoit a lui parlé.

Li povres bon l*a mercié ; 6?o

Cuingamors prent de lui congié,

Ariére vient, si Ta lessié,

Ja estoit bien none passée,

Li jor toma a la vesprée :

Si grant faîn prîsi au chevalier 6} y

Qu'il se cuida vif enragier :

LeJî le chemin que il erra

Un pomier sauvage trova,

De grosses pomes fli chargiez ;

U est celé part aprouchiez^ 640

Trois en a prises, ses menja :

De ce fist mal qu'il oublia

Ce que s'amîe ot conmandé.

Si tost comme il en ot goûté,

Tost fu desfez et envielliz, 645

Et de son cors si afoibliz

Qjie du cheval l'estut cheoîr ;

Ne pot ne pré ne main avoir.

Foiblement, quant il pot parler,

Se conmença a dementer : 650

LAIS INÉDITS J9

Li charboTïiers Tavoit seu : Bien voit con li est avenu j Ne cuidoit mie au sien espoir Q^u^il peust vivre jusqu'au soir : Vers lui voloit aler avant ; 655 Deus damoiseies voit errant De riche ator et bien vestues ; Lez Guingamor sont descendues, Molt blâmèrent le chevalier Et commencent a reprouchîer 66a Le conmandement irespassé, Que mauvesement Fa gardé; Bêlement et souef Pont pris, Si l*ont sor un cheval asis, A la rivière le menèrent, 66 j

En un bastel outre passèrent Son brachet et son chaceor. Li vilains se mist el retor, A son ostel nuit ala ; La teste du sengler porta, 670 Par iresiout conte raventure» Par serement laferme et jure, Et au roi présenta la teste : Mostrer la fait a mainte feste.

Por l'aventure recorder 67 ^

En fist li rois un lai trover : De Guingaraor retint le non ; Einsi l'apeleni li Breton. 678

tIL

DOON.

^V Nous trouvons ici, comme dans plusieurs autres lais, la réunion de ^B deux thèmes qui n'ont pas grand'chose à faire l'un avec l'autre. Le pre- ^P mler. évidemment fort altéré dans la forme qu'il a prise ici, appartient aux vieilles traditions celtiques. L'épreuve à laquelle Doon résiste seul, et à laquelle succombent tous les autres préiendants de la demoiselle d*Bdimbourg, parait bien n'être qu'une variante fort défigurée de celle qui forme le sujet du conte n*» 5*du Dohpatkos^ du n^ 195 |éd, Oesterley)

6|7 Lcl, quil 67Î recouter

60 G. PARIS

des Cesia Romanorum et de la H* nouvelle de la 4* journée du Pecorone^ d*où Sbakespere a tiré le Marchand de Venise. Dans ces trois récits, il faut payer une somme considérable à une jeune fille pour passer une nuit avec elle ; tous ceux qui ont tenté l'aventure se sont endormis dès qu'ils se sont mis dans le lit : le héros réussit, après avoir échoué comme les autres, à se préserver de ce sommeil, en faisant tomber Ipar mégarde) une plume enchantée cachée sous Toreiller {Dolopathos), en enlevant bon escient) une « chane » magique placée sous la couverture (Gesta), en ne buvant pas un breuvage qu'on lui présente [Pecoroné] «. Dans le Dohpathos^ le jeune homme jette Toreiller, parce qu'il attribue à îa trop grande mollesse de la couche le sommeil qui s'est emparé de lui une première fois ; il semble qu*il y ait quelque lien entre ce détail et le récit que donne notre lai. L'autre épreuve, répétée en double, qui lient à la rapidité d'un voyage à cheval, paraît originairement distincte de la première. Aller à cheval de Southampton à Edimbourg en un jour est tellement impossible qu'on ne conçoit pas comment notre poète dit (v. 47 ss.) que plusieurs le firent : il doit y avoir quelque remanie- ment géographique maladroit et postérieur : peut-être a-t-on placé ta résidence de la demoiselle à Edimbourg à cause du nom de « Château des pucelles ^ qu'on prétendait ainsi expliquer. La seconde forme de répreuve, la course à la suite du cygne, a visiblement un caractère de merveilleux fort ancien ; mais Tauteur du lai ne la comprend plus et se borne à peu près à l'indiquer.

Le départ de Doon trois jours après son mariage n'est nullement mo- tivé : il ne sert qu'à rattacher la seconde partie à la première. Cette seconde partie ressemble de fort près à la seconde partie du lai de Milon, de Marie de France : dans l'une et dans l'autre un fiîs combat contre son père dans un tournoi et le désarçonne ; dans l'une et dans l'autre le père reconnaît son fils à l'anneau qu'il porte ; enfin, ce qui est le plus frappant, dans l'une et dans l'autre l'aventure a lieu à un tournoi donné au Mont Saint- Michel, La ressemblance exacte du fonds et la diversité de la forme de ces deux récits ne permettent pas assurément de les attri- buer au même auteur. Il est à remarquer que dans le lai de Milon un cygne joue un grand rôle, reste visiblement altéré d'une tradition plus ancienne, comme messager d'amour entre Milon et sa dame. Y au- rait-il quelque rapport entre ce cygne et celui qui figure dans la première partie de Doon f Sur les combats entre père et fils il faut voir les

I. Dans tous ces récits, cette épreuve est liée à l'histoire de la livre de chair; il est intéressant de la rencontrer ici isolée. Shakesperc a supprimé cette épreuve (en la remplaçant par celle des trois coffrets) pour ne pas présenter sous un mauvais jour le caractère de Fortia.

^^V LAIS

INÉDITS

^1

^ft^ renseignements que M. Reînbold

Kœhler a fournie à M. Fœrster pour ^^|

^^■jil préface de Ricliart U BûL

^^^ Cest le taj de Doon.

Qant cil du pais l'ont oi,

^m r^oo"» cesl lai se vent plusor : ^B L/N*i a gueres bon harpeor

La vérité vos en dirai,

Plusor se misirent en essai

H Ne sache les notes harper ;

Par les chemins qu'errer dévoient; ^^H

^K Mes je vos voil dire et conter

Sus granzchevaus tantosi montoient ^^|

^H L^aventure dont Breton 5

Et fors et bons por bien errer,

^^M

Apeiérent cest lai Doon.

Car ne voloîent demorer.

^^1

^M Ce m'est avis, se droit recort^

Li plusor n'i porent durer

1

H Des Daneborc qui est au nort

Ne la jomée parerrer ;

^m Manoit jadis une pucele

De lex i ot qui parvenoient,

^^1

^m A merveille cortoise et bêle. 10

Mes las et traveilliez estoîenî :

:^^|

^M Le pais ot en héritage :

Quant ill esioient descendu

^^Ê

K'i orem auire seignorage ;

Et au chastel amont venu,

H

^n Et a Daneborc conversoit,

La pucele contre eus aloit,

^M Ce en le leu que molt amoit :

Molt durement les ennoroit,

^^1

^H Por U et por ses damoîseles t j

Puis les fesoît par eus mener

^^M

^M Fu dit le chastel as puceles.

En ses chambres por reposer :

^^M

^M La pucele dont je vos di

Liz lor fesoit apareillier,

H

^M For sa richesce s'orgueilli :

Por eus ocirre et engingnier,

^P Toz desdaignoit ceus du pais.

De bones coûtes, de bons dras

fl

^^ N*en i ot nul de si haut pris 20

Cil qui pené furent et las

^^ Qu*ele vousisi amer ne prendre,

Se couchoient et se dormoieni

H Ne de li fere a li entendre :

El soef lit dormant moroieni ;

^M

^1 Ne se voloit mètre en servage

Li chanbellenc mort les trovoient, ^^B

^1 Por achoison de mariage.

Et a lor dame racontoient :

^^M

Tuil li preudomme de la terre 25

Et celé en ert durement lie,

^^M

Sovent l'en alérent requerre :

Por ce que d*eus estoit vengie.

^^H

Sdgnor voloîent qu*el preist ;

Loing fu portée la novele

H

Mes el du tout ies escondist :

De rorgueilleuse damoisele ;

Ja ne prendra, ce dit, seignor,

En Bretaingne delà la mer '

^^1

Se tant ne feist por s'amor jo

L'oi un chevalier conter,

^^H

Qu'en un seul jor vosist errer

Qui molt estoit preuz et vailtanz, ^^|

De Suihantone sor la mer

Sage et cortois et enprenanz :

70 H

Desi que la ou ele estoit ;

Doon avoît non le vassal ;

Ce lor a dit, celui prendrait :

Icil avoit un bon cheval,

^^1

Par unt se cuidoit délivrer ; 3 j

Baiart ot non, molt fu isnîaus ;

^^M

El cil la lessiérent ester,

H nu donast por deus chastiaus

^^ Mes ne pot remanoir ensi.

Por la fiance du destrier

m

^V 6 apeîcnt 26 en man4iue -- j2 Desor houtone 5^ couchierent

m

^H mort 74 oe

J

^ él

1

G. 1

^^^^H

^^^^^H Voudra cele oevre conmender

»

El lit qu'il ot apareîllié : ^^^H

^^^^^1 For la meschîne et par ta terre

t

S'il qui fu tas et traveillié ^^H

^^^^^1 Savoir s^il la porra conquerre.

En ce bon lit voloît gésir, ^^|

^^^^^1 A Tainz qu'il pot est mer passez,

Molt tost Fem pot mesavenir ii^^W

^^^^^1 A Suthantone est arivez^

80

Qui plus dur gisttantse deult roains^ 1

^^^^^H A la damoisele envoia

Et plus hastivement est sains. 1

^^^^^1 Par son mesage li manda

Au matin quant il ajoma ^^fl

^^^^^H Qu'el pais estoit arivez^

Il vint a Fuis, sel desferma, l^|

^^^^^H Envoia st li de ses privez

El lit coucha, si se covri tij

^^^^^H Qui li deissent vérité

8S

Que bons li fu, si se dormi.

^^^^^H Q'au jor qu^el lor avoit nommé

Cil le Guidèrent mon trover

^^^^^^^^^^H * . « ' t

Qui la chambre deurent garder;

^^^^^^^^H .....

Mes il le virent tôt hetié,

^^^^^H C^uant ele vit ses mesagiers,

Entr'eus en sont joieus et lié. 1 jo

^^^^^1 A lui envoia volentiers

90

A prime de jor est levé

^^^^^H Le jor ij a nomé et mis

Si s'est vestu et afublé,

^^^^^B Quant el vendra en son pais.

A la pucele vet parler ^^H

^^^^^1 Ce fu un samedi matin

Et ses covenanz demander. ^^

^^^^^1 Que Doon s'est mis el chemin,

La pucele li respondi : i j j

^^^^^H Tant erra que en la vesprée

95

w Amis, ne puêi pas estre ensi.

^^^^^H Ot parfornie sa jornée,

Pius vos estovra traveillier

^^^^^^B Et a Daneborc est venuz :

Vostre cors et vostre destrier :

^^^^^H A grant joie fu receuz.

En un jor vos estuei errer 1 39

^^^^^H Li chevalier et li sergant,

Tantconme uns cisnes puet voler;

^^^^^H NI ot un seul petit ne grant i

lÛO

Puis vos prendre sans contredit, n

^^^^^H Ne l'ennorast et nu servist

H en a demandé respit ^^

^^^^^1 Et bel semblant ne li feist.

Tant que Baian soit sejomé ^^^Ê

^^^^^m Quant a la pucele a parlé,

Et il meisme reposé.

^^^^^H En une chambre Font mené

Au quart jor fti li termes pris* 1 45

^^^^^1 Por reposer quant lui piera ;

lOJ

Doon fu a la voie mis :

^^^^^1 chevalier lor commanda

Baiart erre, le cisne vole ;

^^^^^H Que sèche bûche trovassent

C'est merveille qu'il ne Pafole ;

^^^^^1 Et en la chambre i'aportassent»

Le cisne ne pot tant voler

^^^^H Puis le lessassent reposer,

Conme Baiart pooit errer. i ço

^^^^^1 Car traveilliez ert de l'errer ;

lîO

La nuit sont en un îeu venu

^^^^^1 Cil ont fête sa volenté.

A un chastel qui riche fu ;

^^^^^B II a l'uis clos et bien fermé,

liée est il bien herbergiez

^^^^H Ne velt pas que nus d'eus Tagait ;

Et son cheval bien aaisiez ; ^^M

^^^^^m 0 un fusil a du feu fait.

Tant con lui plot si sejorna, i Sf^^

^^^^^H Près du feu vint, si se chaufa; i

«5

Quant bon li fu si s-en ala, 1

^^^^H Onques la nuit ne se coucha

Et a Daneborc est alez, 1

^^^^^H 8o Et sus hantone -^ 86 quil - ^^^^^H [ t8 Cil qui sont 124 ses

.87

126

Il manque ici dmx vers et peat-itrc plus M Se 128 deuoient

^^^F LAîS IHéDlTS

^1

H Ses covçnanz a demandez.

Et au roi de France envoiez ;

^^M

H Cele nu pot avant mener,

Assez pona or et argent,